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All posts in Billets (de plutôt bonne) humeur

Les fêtes sont imminentes, c’est une période à la fois d’agitation : il faut trouver des cadeaux, préparer des repas de famille et surtout « être dans l’esprit de Noël » mais aussi propice au repos, au calme. Ces deux derniers étant même indispensables compte tenu de la période de l’année, probablement la plus difficile de par sa faible luminosité, son humidité, ses températures peu agréables et ses joyeux virus offerts à qui veut ! Je prends pour ma part le temps de ne rien « faire », ce qui est rare puisque mes vacances sont généralement réservées à des voyages, des projets en tous genres, à de l’activité quoi. Cette année c’est difficile. J’en profite pour revenir alors enfin un peu plus précisément sur cette étrange expérience de vie qui m’est « tombée dessus » depuis cet été. Le genre d’événement qui perturbe vos plans, votre routine bien huilée, votre image de vous-même, vos objectifs, vos certitudes, vos espoirs même et qui vous contraint de changer de regard sur beaucoup de choses, alors même que « les autres » persévèrent dans leur élan habituel. Que se passe-t-il quand le contrôle que nous aimons avoir sur notre corps : « mange ça », « ne mange pas ça », « ce soir tu vas faire des tours de piste », « aujourd’hui tu pars pour une sortie longue », « là c’est crossfit », ne fonctionne plus ? Que se passe-t-il quand ce corps vous dit « non » et ne vous donne plus le choix ? Que se passe-t-il quand vous êtes enfin obligé(e) de l’écouter, sans doutes à défaut de l’avoir fait avant ? On ne mesure jamais assez sa chance quand tout est sous contrôle, et pourtant…quand on le perd, il semble qu’on apprend.

 

Le dos, le mal du siècle

Des douleurs lombaires ? Classique. J’en ai connu régulièrement, qui ne duraient pas longtemps. Un coup de médocs et hop, fini la douleur ! Il m’est même arrivé de me présenter au départ de courses avec de vives inflammations, en particulier le jour du semi de Paris 2013 le seul semi de Paris que j’aie jamais couru d’ailleurs. C’était le 2ème semi de ma vie après l’expérience grisante du semi de Barcelone où je visais 2h et avais fini en 1h53 sans douleur. Cette fois, avec un mal de dos criant dès le début et sur un parcours plutôt moins roulant que Barcelone, j’avais réussi à franchir le finish en 1h54. Fière sur le coup mais quelle absurdité avec le recul. Il faut vraiment être sacrément pourri gâté avec un corps qui répond au doigt et à l’œil un peu trop facilement pour ne pas l’écouter à ce point. Quelle idée de faire une course dans la douleur…. Quel sens ? Avoir réussi à courir en ayant mal, et alors ? S’il vous plait, si quelqu’un un jour vous dit qu’il a fini « dans les temps » alors que pourtant, il avait « hyper mal », je ne suis pas sûre qu’il faille le/la féliciter. Ce genre de plaisir dans la douleur auquel s’abonnent de trop nombreux runners n’encourage personne à être raisonnable. Pour renoncer à un départ de course par précaution, il faut aujourd’hui avoir de sacrées c*******. C’est dommage.

Strapper un athlète de haut niveau qui s’est fait une entorse 3 semaines avant une compétition décisive : ok. Bien que de récents témoignages de médecins du sport œuvrant auprès de champions m’aient démontré à quel point ces champions souffraient à l’arrêt de leur carrière, bien souvent délaissés par un corps médical focalisé sur les performers seulement. Sauf que pour ces athlètes, il s’agit de leur objectif de vie, de leur métier. L’athlète de haut niveau a une vie difficile, bien au-delà des quelques bling bling de médailles et des courses à sensations que leur public recherche. Leurs sacrifices et leur solitude dépasse souvent ce que l’on est prêt à imaginer. La souffrance fait partie intégrante de leur quotidien. Mais il s’agit là d’athlètes de haut niveau qui usent leur corps bien plus vite que la moyenne, tout simplement parce qu’ils n’accepteraient jamais de vivre leur vie autrement. Un médecin de l’INSEP lors d’une conférence disait un jour « le sport de haut niveau n’est pas bon pour la santé, nous, les médecins, sommes là pour accompagner les athlètes qui de toutes manières iront au bout de leur passion et pour limiter les dégâts causés par leur sport ». Le dépassement de soi et la recherche de sensations assez orgeuilleuse, au-delà des signaux du corps, quand on n’est autre (en ce qui me concerne) qu’une petite nana qui kiffe le sport, ne doit pas devenir absurde. Or, cet été, la petite douleur de 3 jours habituelle s’est transformée en immense douleur de…6 mois, et encore, je ne suis pas sortie d’affaire.

J’ai au début attendu, continué d’aller travailler et puis j’ai craqué. Arrêt de travail, IRM. Bilan : hernie discale L5/S1 avec une vive inflammation. Une batterie de médecins a suivi. Aujourd’hui, je suis une consommatrice assidue d’anti-inflammatoires, d’anti-douleurs. Je porte un corset fait sur mesure, jour et nuit…soit-disant pour 3 mois, mais…/je doute. Je sens que je n’ai absolument aucun contrôle sur la situation. Je suis privée de sport sans aucune exception si ce n’est de la marche en piscine et encore, à la moindre douleur je dois tout arrêter. Je dois donc patienter, ne pas céder à la tentation de l’effort (de toutes manières avec des douleurs pareilles on a vite fait de capituler…) et attendre sans savoir quand tout cela guérira. Le processus inflammatoire est plus intense chez les jeunes que chez les personnes plus âgées. Sportive, jeune, active et « courageuse » d’après mon médecin ; les attributs les plus propices au mal de dos semble-t-il.

Dites-moi quelle est votre fragilité, je vous dirai qui vous êtes

« Il y en a dont la fragilité est cardiaque, pour d’autres c’est l’estomac, vous c’est le dos. » rajouta ce même médecin. Tu m’étonnes. Ma chère maman ayant exactement ou presque le même souci, il semblerait que la fragilité familiale soit belle et bien localisée dans le bas du dos. On a le feu aux fesses chez les Gaymard ;) Mouais. Bon. Et on essaie de ne pas trop perdre son humour parce que croyez-moi que dans ce genre de passage il faut réinventer sa vie à tous les niveaux !

Alors dans ce type d’expériences de vie dont on se passerait bien, il y a plusieurs phases : la phase du combat « non je n’ai pas mal, non je n’ai pas envie d’avoir mal, non il n’y aucune raison que MOI j’aie mal parce que MOI d’habitude j’ai jamais mal… ». Bon. Et puis suit la phase de tristesse « j’aurai mal toute ma vie, de toutes manières je guérirai jamais, de toutes manières je suis faite pour avoir mal, le sport c’est fini, je vieillis avant l’heure, j’ai plus le droit aux endorphines, … ». Bien. Resurgit une phase de combat pas très philanthrope: « je déteste tous ceux qui font du sport, je déteste tous ceux qui courent, je voudrais que tout le monde ait une hernie discale », qui s’édulcore un peu avec le temps et se limite à des « pfffff, la chance » à chaque fois qu’un runner apparait sur le bord de la route, fort de sa belle foulée et de son corps frais et dispos (a priori…). Parfois il y a la phase angélique « j’accepte, je le vis bien, j’ai confiance… » mais celle-là n’est pas très coriace ! Promis je travaille à la faire durer et perdurer. Groumph.

Les autres, et moi et moi et moi ?

Je rentre d’une semaine à la Plagne où champions et partenaires, sponsors, ont passé leurs journées à faire du sport et leurs soirées sur le dancefloor. Je vous garantis que lorsque l’on ne peut prendre part à la fête, il faut de sacrées doses d’humilité pour avaler toutes ces couleuvres….et l’humilité, c’est comme la patience, c’est une qualité que mes parents ont oublié de me transmettre, du moins en quantité un peu faiblarde. Dur de se réjouir pour les autres, de les regarder avec un sourire béat en se disant « chouette, ils ont l’air si heureux ! », de se dire joyeusement que « c’est pas grave, haha, je serai mieux l’année prochaine, re-ha ha ! ». NAN ! Pas contente. Jalouse. Enervée. Frustrée. Pas envie d’être là. La semaine a été dure, très dure. J’ai voulu rentrer chez moi à peu près 100 fois par jour. Eh oh, on n’est pas des surhommes/femmes. On ne peut pas souffrir et en plus être super heureux pour tous les autres. Je veux bien essayer mais bon. Pourtant….ces quelques moments où l’Histoire des autres ne vous atteint plus puisque peu importe ce qu’ils vivent, cela ne change rien à ce que VOUS vivez, et peu importe ce qu’il peut bien se passer autour de vous, ce que les autres font ou ne font pas pour vous soutenir, la solution n’appartient qu’à vous, le choix total d’être heureux n’est qu’entre VOS mains à VOUS et personne, personne, personne ne peut réellement l’être à votre place. C’est dur d’avoir autant de liberté n’est-ce pas ? C’est aussi plus facile de se dire que l’on n’en n’a pas, comme ça au moins, on peut toujours se dire que c’est la faute de quelqu’un d’autre. Mais non. Quand tout roule évidemment on se sent libre mais on est encore loin de cette vraie Liberté (avec un grand « L » vous remarquerez), celle que l’on éprouve alors que tout s’oppose à la facilité. C’est un peu comme quand on se retrouve face à un buffet à volonté. Profiter un maximum n’a rien de commun avec la Liberté. C’est une réaction assez animale et évidente face à un besoin voire à une envie : la faim puis rapidement, la gourmandise. En revanche, ne se servir que des plats que l’on aime, pour manger à sa faim sans se sentir exploser à la fin d’un repas et avoir choisi ce qui était suffisant, bon et juste, malgré l’opulence, ça c’est un acte beaucoup plus libre…

La suite… et fin ?

La suite, je la connais. La fin, pas du tout. A l’heure actuelle, j’ai encore 2 mois de port de corset devant moi ce qui en soi est peu si l’on considère que mon dernier dossard date de juin 2014. Ce qui compte avant tout pour moi aujourd’hui est d’arrêter d’avoir MAL, de réduire petit à petit les doses anti inflammatoires et de reprendre doucement confiance en ce corps qui me semble aujourd’hui complètement débloquer et accessoirement me rendre fréquemment folle tant il n’en fait qu’à sa tête.

La thérapie PCP

En février, je commence une série de 10 consultations auprès d’un médecin osthéopathe qui a mis au point la thérapie PCP basée sur des pressions continues agissant sur les muscles profonds, pour assouplir les tendons et les ligaments, le long de l’ensemble des chaînes musculaires. Indiquée dans les cas de tendinopathie, rachialgie, fibromylagie et autres pathologies des muscles et du dos, liées ou non à la pratique sportive, la thérapie PCP consiste à soulager l’ensemble des muscles liés de près ou de loin à la zone douloureuse, partant d’une conception globale du corps, au sein duquel les interactions sont multiples. Mise au point par le Dr. David Khorassani, la thérapie PCP vise à agir au départ sur les membres éloignés de la zone douloureuse : par exemple, au niveau des cervicales et des jambes quand la zone en question est au niveau lombaire. A mesure que les chaînes musculaires se détendent et par voie de conséquence soulagent la zone douloureuse, le thérapeute agit de plus en plus près de celle-ci jusqu’à son soulagement total. Grâce à un appareil simple, déchargeant le thérapeute d’un effort physique massif, ce dernier peut appliquer des pressions allant jusqu’à 20kg (surtout pour les athlètes de haut niveau), sur l’ensemble du corps. Vous allez rire mais, cette technique a eu de très bons résultats chez les sportifs et … chez les chevaux de course ! C’est dire la puissance de son action. Mon 1er rendez-vous est pris pour le 19 février. S’en suivront 8 à 10 séances de 45’ à 1h chacune, pour un tarif unitaire de 75Eur donc 35Eur remboursés par la sécurité sociale. Excellent également à titre préventif, mais rare sont ceux qui prennent les dispositions préalables nécessaires pour éviter la blessure ; et pourtant… !

La marche en piscine

D’ici là, je vais régulièrement aller marcher en piscine. D’abord lentement et si tout se passe bien plus rapidement (il y a de quoi faire pulser le cardio en marchant rapidement dans l’eau puisque la résistance de l’eau augmente avec le carré de la vitesse…#LoiPhysique). Je pense m’offrir régulièrement un petit hammam derrière pour assouplir au maximum tous ces muscles contracturés qui protègent amoureusement la sacro-sainte moelle épinière menacée par la hernie …

Le gainage

A la reprise : kiné et gainage à bloc. Pas de reprise saine possible sans un renforcement majeur du dos et des abdos. J’aurai probablement toute ma vie besoin de prendre des rations doubles de gainage et d’assouplissement mais j’accepte le deal, si cela peut me permettre de continuer à faire du sport sans mettre mon corps en danger.

Vélo et piscine

Petit à petit, quand le gainage sera possible sans anti inflammatoires (ce qui récemment n’était pas le cas puisque les moindres abdos me faisaient horriblement mal…), je passerai à du vélo d’appart’ et de l’aquabike ainsi qu’à des longueurs en piscine, des vraies – à coup de planches et de pullboy pour limiter au maximum la cambrure.

Footing

Si toutes les phases précédentes se passent sans encombre, sans douleur – bien, quoi, je ferai scrupuleusement analyser ma posture et ma foulée par le Doc. spécialiste de la méthode PCP puisqu’il semblerait que je ne sois pas au top à ce niveau et dans le genre, j’aimerais éviter de revivre ça à un autre étage de la colonne plus tard dans ma vie, je préfère anticiper au maximum. Des semelles seront surement nécessaires. Je prendrai le temps qu’il faudra…De footing en footing, toujours complétés par du vélo et de la natation, je verrai où 2015 me mène. Je ne pense pas refaire de prépa marathon. Avec le recul, la distance que j’aime le plus (et mon corps aussi) reste le 10km. Les grosses prépas de 2-3 mois ne sont pas faites pour moi ; j’ai besoin de variété, de crosstraining, de diversité et ne suis pas une adepte de la «solitude du coureur de fond », loin de là. Qui plus est je pense que ce type d’effort restera probablement l’un des plus compromettants pour moi, alors nul besoin de replonger, il faut parfois savoir intelligemment choisir (donc renoncer).

En attendant, je continuerai de partager avec vous les différentes phases de ce processus lent de guérison et vous remercie infiniment pour votre soutien, votre gentillesse et votre fidélité. Merci également à mes très proches qui supportent toutes les phases sus-mentionnées, parfois plusieurs fois dans une même journée…Le blog Hotsteppers est de plus en plus lu, malgré le fait qu’aucun récit de course n’ait été publié depuis juin, malgré la diversification des sujets (du hockey subaquatique à la danse moderne en passant par le pole dance), preuve que les adeptes de l’esprit Hotsteppers sont avant tout des amoureux du Sport, du mouvement, des expériences fortes, de réflexions … et que votre ouverture d’esprit est ce qui me, nous et vous fera sans cesse avancer. Continuez à vibrer pour votre/vos sport(s) et surtout, surtout : mesurer chaque jour votre chance !

Il y en a un qui aurait voulu être un artiste, pour pouvoir faire son numéro, quand l’avion se pose sur la piste, à Rotterdam ou à Rio…un chanteur même, pour pouvoir crier qui il est ou un auteur, pour pouvoir inventer sa vie…frappé par les blues du businessman, du haut de sa tour d’où il contrôle son univers…! Le blues, ce feeling hyper spécial que l’on n’est pas sûr de vraiment détester! Il y a un malin plaisir au spleen, n’est-ce pas ? Si les chansons parlent souvent d’amour, elles parlent tout aussi souvent de ce fameux « blues », de « vide », « d’absence ». Why ?

A cet instant bien précis, après avoir vécu mon premier marathon qui plus est « chez moi » (à Paris), évènement pourtant bien insignifiant pour les non-adeptes de la course à pied, je vis avec intensité ce maudit blues, mélange de plein de choses à la fois. Je réalise une fois de plus à quel point la vie peut être une montagne russe émotionnelle, entre (grandes) joies et (grandes) tristesses. Tant mieux après tout, une vie linéaire serait chiante. J’observe alors autour de moi et refais le point sur tout ce que j’ai pu vivre ces 10 dernières années pour me rendre compte de ce besoin intense et récurrent qu’a l’être humain de chercher l’extase pour mieux sentir passer sa vie, à défaut de pouvoir l’empêcher de passer.

Soyons crus: il y en a qui vouent un culte incroyable à la nourriture pour s’offrir un sentiment de contrôle, en s’en privant notamment: l’absence d’alimentation peut être source de grands élans émotionnels…, il y a ceux à qui une vie familiale ne suffit pas et qui meurent intérieurement à l’idée de ne plus séduire qu’un(e) seul(e) et même homme/femme toute leur vie, qui s’échappent sans cesse (à eux mêmes) vers un(e) autre, pour re-déclencher inlassablement la passion dévorante des premiers instants…, d’autres se vouent corps et âmes à leur pouvoir professionnel qui peut être tout à fait jouissif, d’autres encore ont un besoin vital et permanent d’adrénaline au risque de trouver la vie totalement fade en l’absence de risques et de défis… S’il n’est question de juger personne, Dieu sait si « dans la vie on fait ce qu’on peut, pas ce qu’on veut » comme disait une fois de plus Starmania (bien que je ne sois pas tout à fait d’accord car je pense que nous avons un vrai potentiel de choix… !), il est intéressant de réfléchir à cette quête d’absolu que les coureurs vivent sans cesse à travers leurs courses successives.

Combien de fois ai-je pu lire ou entendre qu’un marathon (entre autres) permettait « daller au bout de soi même » ? Si on faisait une analyse sémantique des expressions de marathoniens, je pense que celle-ci serait majoritaire, suivie de près par « se dépasser » qui revient presque au même bien que dans ce dernier cas il s’agisse de sortir de soi et non d’aller en soi. Au final, il est question de … « soi » !

Nous étions presque 40 000 à franchir la ligne d’arrivée dimanche dernier et pourtant, le marathon est une aventure personnelle qui commence dès la démarche d’inscription actée, qui se poursuit par des semaines d’entraînements souvent synonymes de sacrifices et qui se prolonge par plusieurs heures de course pour se conclure, par un « i did dit… ! »…….. « then what ? ».

Un dicton dit que lorsque l’on a fait un marathon, on peut tout faire. Évidemment, on peut toujours trouver plus dur mais c’est une belle image. Disons plutôt que lorsque l’on franchit la ligne d’arrivée, la force de son propre engagement prend tout son sens. On a décidé, on s’est donné les moyens et on a réussi ! Quel bonheur, quel sentiment de réussite, de contrôle ?

Personnellement je n’avais qu’un objectif en tête : arriver au bout sans dégoût (ça rime !) et sans blessure, non accessoirement. C’est chose faite et c’est tout ce qu’il me fallait. La prochaine fois, j’essaierai de faire un peu mieux mais pas forcément « beaucoup mieux ». Ce qui compte pour moi, ce sont les sensations, ce dont le corps s’imprègne pendant ce périple de 42,195km. Se faire mal pour gagner des minutes n’est pas la voie que j’ai choisie ; je préfère le voyage initiatique à la performance.

Toujours est-il qu’à la fin du voyage, de retour chez soi, on aimerait bien repartir !

Mais…si la vie n’est pas (toujours) un long fleuve tranquille, attention aux envies maladives de vouloir amener la tempête là où tout roule/coule. Si la grande majorité de mes amis ne comprend absolument pas l’intérêt qu’il peut y avoir à courir (un marathon ou autre), j’avoue ne pas comprendre en retour comment leur vie beaucoup plus stable peut ne pas les ennuyer. Et pourtant, il me semble nécessaire d’arriver à trouver du plaisir dans le calme. Un calme intense et profond, pas un calme mou et passif bien sûr.

Sur ce, je me suis inscrite au Marathon de la Rochelle fin novembre 2014 !

Sans commentaires.

En attendant, j’ai des amis qui ont eu de beaux bébés à voir de toute urgence, des mojitos à boire, des apparts à visiter, un voyage au Costa Rica à préparer, des gens à rencontrer, à découvrir, à aimer, une famille avec qui passer du temps, des chiens abandonnés à promener à la SPA, de la musique à écouter, des chorés pleines de vibes à danser …bref, la vie dans toute sa splendeur ou de quoi faire virer lentement mais surement le blues vers le pink… ;)

 

Depuis mon intérêt avéré pour la course à pied et mes prises de plume webistiques sur ce blog, j’ai évidemment eu l’occasion de lire abondamment à ce même sujet. Si les sujets techniques sont assez redondants, les réflexions positives ou non autour du sens de la course à pied m’intéressent un peu plus. Je retiens particulièrement à ce jour cette impression de mouvement permanente voire de fuite que les non-runners attribuent avec incompréhension à « ceux qui courent ». Si je comprends parfaitement cette vision partiellement vraie des choses, je souhaite toutefois dans cet article lui apporter un autre angle de vue. Pas l’angle de vue de la runneuse qui se défend sans s’en rendre compte de son addiction, bien au contraire. L’angle de vue d’une runneuse que la course à pied guérit petit à petit de l’obsession de la performance et de l’hyperactivité. Paradoxe ? Pas nécessairement.

 

Ces malédictions qui deviennent des grâces

Adepte de la recherche d’emploi pendant plusieurs périodes assez longues de ma vie pourtant encore courte, j’ai connu une variété de phases hallucinantes. Des expériences parfois douces parfois terribles qui ont aujourd’hui énormément enrichi ma connaissance de la nature humaine et la mienne. Dans ce marasme que beaucoup de français connaissent aujourd’hui, je n’avais que des doutes, sauf à un égard. Je savais profondément, intérieurement, qu’il me fallait m’accrocher à de petits objectifs pour en atteindre un jour de grands. Le fruit du hasard (ou pas) a amené mon esprit parfois un peu trop enthousiaste à croire en l’armée française dans laquelle je m’engageais un certain temps. Si cette expérience fut la pire erreur de ma vie comme j’ai déjà pu l’aborder, elle fut la seule et unique cause de ma découverte de la course à pied. Détestant profondément ce sport insensé il y a encore peu de temps, je devais passer les épreuves de sélections sportives de l’armée et m’entraîner. Si l’armée n’a pas duré (Dieu merci), mon goût pour la course à pied, lui, était né. J’avais franchi le fameux stade où courir n’est plus un calvaire. Ce fameux stade dont les adeptes du running parlent aux néophytes incrédules avec des étoiles dans les yeux, l’air de dire « si si je te jure, ça devient bien! ». Je me retrouvais pourtant face à tous ces plans d’entraînement que je maudis, cette régularité qui nuit à ma conception rebelle de la liberté, cette assiduité qui m’exaspère, ce temps long, long, long qu’il faut accepter d’avaler pour arriver à un objectif décent, ces moments où rien ne se passe comme on le veut, tout simplement parce que la vie est tout sauf synonyme de contrôle, bref - que de barrières, de difficultés et de contraintes. Pourtant, c’est dans la contrainte que mes périodes de chômage se sont structurées, que mes réveils ont repris du goût, mes journées une consistance. Séances après séances, progrès après progrès, l’immersion dans les méandres de l’aventure running m’ont fait avancer. Pourquoi, en un argument ? Parce que courir permet de se réconcilier avec le temps, de le réorganiser, de l’accepter - nouvel ordre qui se répercute sur le corps et les idées, nouvelle philosophie, nouvelle approche …

Source: Runner’s world. com

Ce cours universitaire que l’on valide en courant un marathon

Un article original et intéressant sur Runner’s World vient étayer mon développement autour de la course et de la réorganisation du temps, bien loin de la frénésie qui lui est associée à tort. C’est l’histoire d’Andrew Johnston, enseignant en école de commerce, marathonien de surcroit, convaincu de l’efficacité du parallèle entre la préparation à un marathon et la mise en place d’un business plan. Ses élèves ont ainsi deux cours: l’un en classe, l’autre sur le terrain. Andrew a constaté à de nombreuses reprises le nombre d’échecs d’entrepreneurs ne parvenant à dérouler leurs idées et à les mettre en œuvre; le nombre de théories flambantes ne donnant rien « in real life ». Pour transmettre plus que des concepts mais de véritables valeurs doublées d’une nouvelle expérience, Andrew se concentre sur l’apprentissage de: la définition de ses objectifs, de ses forces, de ses faiblesses; la persévérance et in fine la jouissance du travail accompli. Une seule manière de se préparer de façon réaliste à l’examen final: s’entraîner. L’examen en tant que tel n’étant autre que le Rock ‘n’ Roll Marathon de Phoenix! Je trouve l’initiative de ce professeur excellente ! Il existe tellement de passerelles bilatérales entre le sport et de nombreux métiers qu’il serait trop bête de ne pas en bénéficier, sous prétexte de maintenir les compétences (donc les gens) dans des cases. La course à pied, si elle ne devient une obsession et un échappatoire ne nous plaçant plus dans le temps mais hors du temps, si elle est utilisée pour prendre le temps de se connaître, d’apprendre, d’apprécier et de progresser; si elle est transférée aux autres aspects de sa vie non sportive sans s’y substituer, alors la course à pied devient un formidable outil de réalisation de soi; une arme douce; une force tranquille.

« La vérité sur l’affaire Harry Quebert »

Dernier roman de Joël Dicker, ce pavé de 663 page qui occupe bon nombre de mes débuts de nuit ces temps-ci est une histoire policière à couper le souffle empreinte de réflexions sur la société américaine, les travers de son puritanisme et de ses codes, mais aussi sur le parcours d’un jeune écrivain, entre gloire et angoisse de la page blanche. Un matin, rongé par l’absence d’inspiration et par le doute, ce dernier: Marcus, se confit à son mentor: Harry.

Couverture du livre par Edward Hopper

« Harry, j’ai comme un doute sur ce que je suis en train d’écrire. Je ne sais pas si c’est bon. Si ça vaut la peine… »

- Enfilez votre short , Marcus. Et allez courir.

- Maintenant ? Mais il pleut des cordes.

- Épargnez-moi vos jérémiades, petite mauviette. La pluie n’a jamais tué personne. Si vous n’avez pas le courage d’aller courir sous la pluie, vous n’aurez pas le courage d’écrire un livre.

- C’est encore un de vos fameux conseils ?

- Oui. Et celui-ci est un conseil qui s’applique à tous les personnages qui vivent en vous: l’homme, le boxeur et l’écrivain. Si un jour vous avez des doutes sur ce que vous êtes en train d’entreprendre, allez-y, courez. Courez jusqu’à en perdre la tête: vous sentirez naître en vous cette rage de vaincre. Vous savez, Marcus, moi aussi, je détestais la pluie avant… »

Tout est dit.

En route pour Paris 2014……..

2013 est derrière nous, une page se tourne, une autre s’ouvre. Pour m’élancer à deux pieds dans cette nouvelle aventure 2014, j’ai choisi de m’adonner à l’exercice classique des résolutions 2014 mais pas n’importe lesquelles. N’ayant ni besoin d’arrêter de fumer, ni de perdre du poids ou d’en prendre, ni de dormir plus ou de boire moins (je m’excuse d’être archi saine de ce point de vue là!), j’ai choisi de me concentrer sur d’autres aspects plus complexes, plus subtils. Des zones parfois ombragées auxquelles je souhaite apporter un peu de lumière, des vides à remplir doucement, des faiblesses à renforcer. Tout cela non pas pour me perfectionner, car avant toute résolution figure celle de bannir le mirage de la perfection, mais pour progresser, avancer et me rapprocher toujours un peu plus de ce luxe suprême, celui de la Liberté d’être et de penser.

Crédit photo: trail de Paris. com

1ère résolution: un petit pas tous les jours, j’apprends la patience.

Terrible défaut qu’est l’impatience renforcé par les valeurs d’immédiateté modernes. Tout, entièrement, tout de suite, sans effort. La course à pied au contraire nécessite un investissement régulier et sur la durée dont les fruits peuvent disparaître rapidement si l’on ne maintient pas ses efforts. Elle nous apprend que sans engagement ni dépassement de nos voix intérieures limitantes, il n’est que peu de joies et réelles satisfactions. Elle nous rappelle que les vraies victoires sur soi ne sont jamais immédiates et prennent du temps. Elle nous redit à quel point la jouissance immédiate est un mirage qui éloigne de la vraie liberté. Accepter de prendre le temps, de progresser par étapes, de ne pas toujours obtenir les résultats attendus mais d’avoir suffisamment d’humilité pour ne pas abandonner, telle est la voie de la patience, vitale dans ce sport.

Je m’efforcerai de relire ce paragraphe autant de fois que nécessaire et d’apprendre, lentement mais résolument cette belle qualité qu’est la capacité d’attendre.

2ème résolution: je recherche le plaisir…

…et je sors de l’enjeu de la course pour être dans l’instant. « La passion du jeu est essentielle - Respect the game » - Richard Dacoury.

Cette phrase me semble essentielle pour prendre du recul sur « l’enjeu de nos courses ». Si la participation à une course porte le « poids » d’un entraînement préalable et d’espoirs voire d’attentes souvent élevées vis à vis de nous mêmes, elle tend parfois à se teinter de pression plus que d’ex-pression. Ma dernière course 2013, sans chrono et sans l’une de mes tenues de running préférées m’a projetée dans l’expérience d’une course sans artifices. Quand vous n’avez plus votre apparence ou votre chrono pour vous rassurer, il ne reste que vos jambes et votre tête pour avancer. Le feeling prend alors toute la place dont on le prive souvent. Le chrono final de cette course s’est trouvé être parfaitement en cohérence avec mon état et niveau de non entraînement du moment mais avec quelque chose de non négligeable « en plus ». Bien qu’ayant rarement eu autant envie de vomir au franchissement du finish, je n’avais pas eu ce plaisir de courir depuis un moment…

J’avais été dans l’instant, dans la course, détachée de toute forme d’impératifs. J’avais couru pour une bonnes raison: pour le plaisir. Une raison qui devra être le leitmotiv de ma pratique en 2014.

3ème résolution: je m’autorise l’échec..

…pour progresser. Une résolution qui semblera des plus évidentes pour certains que j’entends déjà penser « ben oui, évidemment! » mais qui parlera un peu plus à d’autres que j’entends également penser plus discrètement ‘« mmmmh, tu m’étonnes« . Attachée à la culture nord-américaine pour en être généalogiquement issue et pour y avoir été baignée pendant près de 4 ans, j’aime l’orientation très méritocrate de cette société dans laquelle on grandit en apprenant qu’il n’est pas d’échec si ce n’est l’inaction. Faire, essayer, se tromper est positif. Un de mes anciens patrons m’avait un jour écrit sur ma carte de départ « 100% des gagnants ont tenté leur chance!« . Conscient de ma déception face à un business plan que j’avais tenté de mettre en place sans succès et en qualité d’ancien entrepreneur ayant réussi à monter une grande boîte dans le web, il avait essayé de me faire comprendre que ma perception de l’échec n’était pas positive. Plusieurs échanges avec d’autres professionnels du milieu plus expérimentés ont fini par me faire à peu près accepter de ne pas avoir réussi du premier coup et même à me rendre fière d’avoir eu autant d’idées en si peu de temps. J’ai aussi appris qu’une réussite ou un échec tiennent parfois à « presque rien », que l’on ne peut tout maîtriser et qu’ainsi va la vie.

Pour autant, un échec est aussi une épreuve d’humilité qui ne doit permettre qu’une chose: apprendre et avancer, mais jamais - jamais, de se décourager. Cette dure résolution s’impose à mon chemin 2014 comme une évidence…

 

4ème résolution: je positive

Résolution en apparence évidente mais pas si anodine. Ultra exigeante donc souvent insatisfaite, les réussites ou évènements positifs pèsent aussi peu dans ma balance que les moindres réussites ou contrariétés pèsent lourd. Pas bien ! Mes proches me rappellent tous les jours à quel point je prends pour acquis les innombrables aspects positifs de ma vie alors que je laisse une place injustement folle aux plus petites insatisfactions. Consciente de ce défaut pourtant si difficile à enrayer, je sais qu’il est urgent de déclarer une guerre douce à l’éternelle exigence. Le bonheur de chaque instant, la plénitude sont eux aussi des mirages modernes. Ce sont bien évidemment des réalités accessibles mais qui n’existent que parce qu’elles ne sont pas permanentes ! Se battre pour être heureux devient ainsi totalement insensé alors qu’il serait tellement plus bénéfique d’accepter avec sagesse les évènements de la vie et de les apprécier dans toute leur réalité. Cela vaut aussi pour la vision de soi même et des autres. Ne pas accepter l’imperfection revient à ne pas accepter la vie. C’est une voie sans issue.

Dans la même lignée qu’une mise en avant du plaisir au détriment de la performance, je m’engage à accueillir la vie plus qu’à vouloir la définir. Très très vaste sujet qui je pense, peut faire l’objet de …toute une vie :)

 

5ème résolution: je remets les réseaux sociaux à leur place !

Ayant désormais les réseaux sociaux, les blogs et le web au coeur de mon activité professionnelle, je prends conscience mieux que jamais de leurs pouvoirs et de leurs dangers. Bien que parfois tentée, je m’efforce d’y réduire au maximum mes apparitions à titre personnel. Si ce blog se veut être mon lieu d’expression privilégié (préalable à mon projet d’écriture d’un best seller dans la décennie à venir, si si je vous jure!), les Facebook, Twitter et autres timelines bondées me freinent désormais. Bien évidemment cet avis n’est que personnel et ne constitue en rien un jugement public. J’y partage volontiers du running, du Hotsteppers et autres thématiques sportives mais souhaite me détacher de l’hyper « intimité virtuelle » qui me met de plus en plus mal à l’aise. Bien que très indépendante et pas franchement mondaine, j’ai plaisir aux échanges vrais, réels. Tant qu’il n’y a pas eu ces échanges ou que je ne présens pas qu’une approche virtuelle en soit le préalable, je refuse toute forme d’amitié « online« . Idem pour mes entraînements et ma pratique sportive. Les km que je parcours n’intéressent à mon sens personne et je n’ai plus envie de les partager aussi régulièrement qu’avant. Je prends plaisir à fouler le bitume ou les sentiers secrètement et à ne plus en parler :)

Ainsi, pour aborder un sujet actuel et concret, je serai ravie de parler du Marathon de Paris devant un verre ou une assiette de sushis avec ceux/celles qui le voudront mais pas à publier chacune de mes sorties.

Rendez-vous au cours d’une sortie longue ou d’un verre pour une rencontre, une vraie !

 

6ème résolution: bien « mal jouer » et ne pas surjouer

J’adore cette phrase issue du carnet de la performance des Étoiles du Sport 2013 que j’ai évoqué plusieurs fois sur la page Facebook Hotsteppers.

« Fournir une bonne performance quand on est dans une forme moyenne. Ne pas s’attendre à être toujours à son meilleur niveau, s’appliquer sur son niveau moyen de performance et en tirer (même dans un mauvais jour) quelque chose de bien, c’est souvent la meilleure plate-forme pour décoller sans l’avoir vraiment programmé ».

« Surjouer c’est forcer son talent, jouer au dessus de ses moyens par manque de confiance en ses qualités de base. Or, s’appuyer sur ce que l’on sait bien faire reste la meilleure façon de gagner (…) »

Tout est dit: rester confiant et fidèle à soi même. Capitaliser sur ses atouts et ses qualités plutôt que de se laisser freiner par ses insuffisances (inévitables). C’est la voie du positivisme et de l’humilité par excellence…qui plus est, la voie de la réussite.

7ème résolution: je mets l’Amour au cœur de mes projets !

Si ça n’est pas une confidence ! Et oui, j’ai beau être une femme et pouvoir faire autant de choses à la fois que j’ai d’onglets ouverts sur mes 2 ordinateurs et mes 2 téléphones portables, je ne suis pas très forte en matière d’investissements multi-directionnels ! Autrement dit, progresser dans mon tout nouveau job et me préparer pour le marathon de Paris risquent déjà de consommer 99% de mon espace temporel, mental et énergétique pour les premiers mois de 2014. Au printemps, quand j’aurai (ou pas) affronté la distance 42,195 km et passé (ou pas) ma période d’essai; soit je m’achèterai une nouvelle barrette de mémoire vive que je positionnerai scrupuleusement dans mon cerveau sensible, soit j’envisagerai de limiter mon investissement « performance » pour libérer de l’espace « romance ». C’est beau, ça rime et c’est tout pour le moment ;)

« Aimer, c’est trouver sa richesse hors de soi » - Alain (essayiste et philosophe français)

Sur cette dernière résolution qui je le sais, sera partagée par bon nombre d’entre vous, je vous souhaite une merveilleuse année de 2014, pleine d’Espérance, de vie, d’envie, de courage et d’Amour !

Drôle de sujet. Je ne pensais pas y revenir un jour…et pourtant. Il y eut un premier flashback hier, un petit. Puis un deuxième juste après, un gros. Ces deux flashbacks faisant, le passé est revenu en trombes et l’idée est née ou plutôt, a refait surface dans mon esprit. J’eus du mal à l’accepter mais les évènements étant là pour me le rappeler à deux reprises, je dû m’y résoudre et admettre qu’avant, je détestais le sport…

 

Premier flashback…au travail

Fin de journée, break, les langues se délient. Une toute récente collègue de travail engage la discussion sur « le sport » ; sur ses envies de s’y (re)mettre, « mais bon… », rajoute-t-elle. Le fameux « mais-bon » de tous ceux qui regardent avec un mélange d’envie et d’incompréhension totale ces tribus grandissantes de coureurs revenir d’une sortie sous la pluie ou dans le froid, le sourire aux lèvres. (Non mais Allo.) Le « mais bon » évoquant toutes les contraintes qui font que l’on ne s’y met pas. Le « mais bon » voulant dire que l’on aimerait bien mais que le déclic n’est pas là. En effet, c’est tentant, « mais bon »… Elle me demande alors depuis combien de temps je cours. Je réfléchis rapidement et réplique… « Odysséa 2011, un peu plus de 2 ans donc. » Étonnée, elle me répond spontanément qu’elle me croyait runneuse invétérée « depuis toujours ».

Ah bon, mais quelle idée…depuis toujours ? Non, certainement pas ! Il y a 3 ans à peine je détestais courir et il y a 10 ans…je détestais le sport tout court.

Premier flashback, première amorce de réminiscence…Étrange.

 

Deuxième flashback…des retrouvailles familiales inédites

 

Quelques heures plus tard, je retrouve comme prévu une partie de ma chère famille américaine exceptionnellement en France pour quelques jours. Une partie de famille que je ne vois malheureusement que bien trop rarement. A vrai dire, cela fait 13 ans que nous ne nous sommes pas vus en chair et en os, 13 ans. J’avais 16 ans… Alors que je me prépare à les retrouver, je me sens un peu mitigée à l’intérieur. Cette crainte un peu stérile de ne pas avoir le temps d’expliquer tout ce qui a pu se passer en 13 ans, ou encore celle de ne plus se reconnaître ? Je descends les escaliers de chez moi, ils sont là, dans le salon. Merveille, en un clin d’œil je sens que rien n’a changé, je les retrouve comme en 2000. Nous échangeons avec autant de chaleur que les journées sont froides ces temps-ci, nous nous lançons des « my dear, comment vas-tu, i wanna know everything, où en es-tu, tell us ! ». Comme j’aime l’anglais…l’américain même. Bref, très vite et très naturellement j’évoque mes implications assez récentes (à l’échelle de mes 29 ans) dans le sport. Mes tantes lèvent les bras et débordent d’exclamations en tous genres ! « You, my dear ? You’re into sports ?! Wow.. » Sur le coup je suis surprise, j’ai envie de dire : « et bien, oui…évidemment, quelle question ! »…et puis je me rappelle… « 13 ans Marie, cela fait 13 ans qu’elles ne t’ont pas vue… ».

A l’époque de nos dernières vacances communes au Texas (2000), j’étais scotchée alternativement devant les TV Shows américains ou mon PC, invariablement munie d’un muffin ou d’un donut, si possible très calorique. Je détestais profondément bouger. Marcher à la rigueur. Courir ? What the f… ??

Alors ma tante négociait et nous trouvions des arrangements. En dessous de 2 miles je devais venir marcher avec eux ; au dessus de 2 miles j’avais le droit de rester. A chaque fois je priais pour que le circuit soit long, très long, donc pas pour moi. Et dire que nous avons passé une quinzaine de jours dans les merveilleuses montagnes du Colorado ; quinzaine pendant laquelle la perspective de marcher en forêt relevait du supplice et récoltait l’intégralité de mon désintérêt…

Elles me rappelaient toutes ces choses que j’avais profondément enfouies et savamment oubliées. Elles me remémoraient avec douceur et bienveillance l’adolescente gourmande et paresseuse que j’étais ; pas blasée non, mais…adolescente !

Après les avoir écoutées je me devais de les mettre à jour, de leur expliquer…Alors je leur racontais ma découverte du sport juste après le bac. Des débuts en karaté il y a 10 ans, du tennis et du squash, puis une longue épopée de danses multiples suivies de nombreuses heures de fitness au Canada et enfin…la course à pied – beaucoup plus récente.

En effet, pour rentrer dans l’armée française : pire erreur d’orientation que j’aie pu commettre de toute mon existence mais qui m’aura malgré tout apporté un certain nombre de choses, je devais passer l’épreuve du 3000m pour la Gendarmerie et le Luc Léger pour l’armée de l’Air et l’armée de Terre. Quelle ne fut pas alors mon désespoir de devoir mettre un pied devant l’autre et répéter indéfiniment ce mouvement, qui plus est rapidement, si possible.

Débuter la course à pied…je me souviens !

Mon 1er réflexe fut de m’acheter une montre GPS. Déjà que mon intérêt pour la discipline était en dessous du niveau de la mer ; je ne risquais pas de trouver une quelconque motivation au fin fond de mon petit être paresseux. Il me fallait une aide extérieure, qui a bien marché d’ailleurs. J’ai commencé par le commencement. Apoplexie au bout d’1km puis de 2, puis de 3. Je ne dépassais pas les 3km. Le recrutement se faisait sur cette distance, je n’allais pas non plus en faire plus ! (#nonmaisoh !) Malgré tout je m’améliorais, mais surtout, je commençais à trouver ce grand sketch jadis grotesque, relativement intéressant. Les épreuves sportives de l’armée arrivaient: bingo, je faisais partie des dernières femmes à lâcher au Luc Léger, récoltant la remarque d’un adjudant un peu sévère : « vous n’auriez pas du vous arrêter, vous en aviez encore sous la semelle ». On ne répond pas à un militaire comme ça mais malgré mon sourire à peu près poli je mourais d’envie de lui dire « oh, je suis au bord de la mort là ; ça se voit pas ? ». Visiblement non. Après l’épreuve de course vinrent ensuite les suspensions pour les femmes (tractions pour les hommes) puis le parcours d’obstacles. J’y prenais goût. ..

Figurez-vous qu’in fine je suis rentrée dans l’armée de l’air, finissant mes « classes » à Salon de Provence majore de promotion en Formation initiale et 3ème de promo en Formation de l’officier. Le sport n’était pas la seule discipline, fort heureusement. C’est d’ailleurs la course à pied qui m’a fait perdre 2 places à la « deuxième mi-temps » ! Les deux premiers du classement étant des Dieux du fractionné, des amoureux du bitume, des fous de la piste, des adeptes du « je vomis après avoir franchi la ligne d’arrivée et je le vis bien». Moi pas vraiment. Toujours ce mélange de dilettante freestyle et de surpassement hyper exigeant. Un cocktail bourré de paradoxes voir antinomique mais bien réel pourtant. Là aussi, le jour de l’évaluation finale, le coach me glissait un terrible : « tu aurais pu faire mieux ». [Je déteste cette phrase].

 

Tout cela pour ça…

Finalement, toutes ces dernières années, à force d’avancer, à force d’avoir des déclics, à force de vouloir faire mes preuves, de vouloir expérimenter, ressentir, me fixer des objectifs, les surpasser – j’ai parcouru un certain nombre de disciplines sportives. Parfois pour de mauvaises raisons, perdant beaucoup trop de poids mais souvent pour de bonnes raison, retrouvant ainsi une vraie forme (et de vraies formes!)

Cette forme qui ne correspond pas à une norme ou à un idéal de performance mais à ce qui nous convient le mieux et pas seulement dans l’instant présent, sur la durée également.

Intégrer du sport à sa vie, c’est comme prendre conscience qu’on ne peut donner n’importe quoi à son corps et qu’il mérite des aliments sains. C’est comme réaliser qu’en dormant mal et trop peu, on peut difficilement trouver une balance émotionnelle satisfaisante ou une forme physique durable. C’est comme reconnaître qu’en étant proche de ceux qu’on aime, on est souvent mieux que seul dans sa bulle avec ses fantasmes. C’est comme redonner du temps au temps et décélérer le flux des infos et des événements souvent assommants d’une société systématiquement pressée. C’est une prise de conscience, une envie qui naît, un jour, à tout âge. Ça n’est jamais une fin en soi ni une réalisation mais un nouveau départ.

C’est une porte qui s’ouvre sur un chemin neuf…

Il est des jours de chance, de lumière, d’autres plus sombres au cours desquels la loi des séries semble se mettre en marche avec cynisme. Si une bonne nouvelle en entraîne souvent une autre, l’inverse est aussi parfois vrai. Ce Vendredi 27 octobre j’apprenais le décès de mon grand-père; nous étions très éloignés depuis des années, malgré de belles années partagées avec lui étant enfant…mais ma famille entière s’unissait avant tout à la peine de mon père. Dès le lendemain, notre beauceronne, un chien bien particulier qui partageait chaque seconde de notre vie depuis plus de 6 ans, se vidait de son sang des suite d’un cancer de la rate, pernicieusement et silencieusement installé depuis longtemps, pour s’endormir à jamais, en quelques heures.

Je veux aujourd’hui, par la voie de l’écriture qui est mon mode de communication de prédilection, rendre hommage à ces compagnons, ces êtres bien vivants, animaux certes mais jouant un rôle essentiel dans le quotidien de ceux qui savent les aimer et parfois même les transforment.

« Tant que vous n’avez pas aimé un animal, une partie de votre âme sera toujours sans éclat, endormie. » Anatole France

Merci à Mickael, l’un des lecteurs du blog pour cette citation partagée sur le mur Facebook Hotsteppers…mur sur lequel vous avez été nombreux à partager votre soutien et votre solidarité, merci…

 

A l’époque, j’étais encore dans mes rêves d’étudiante ayant enchainé une école d’ingénieur et un MBA, pensant de fait que le monde lui appartenait. Sensible refoulée je ne m’attardais pas à montrer que les animaux me touchaient. Rentrée de mes études au Canada, persuadée de trouver un emploi génial en un claquement de doigt, je me retrouvais au départ d’une longue période de doutes et de souffrance (chômage), à chercher ma place mais en vain. L’une de mes deux soeurs et ma mère, allaient à cette époque régulièrement à la SPA d’Orgeval comme bénévoles, pour offrir de leur temps à tous ces animaux isolés et parfois blessés. Leur aide était simple mais des plus efficaces. Elles choisissaient un animal et le promenaient, lui offrant toute l’attention et l’amour qu’il ne recevait plus, le temps d’une ballade. A force de revenir, leur choix se portait souvent sur le même chien…ce chien s’apparentant très étroitement à un berger de Beauce/Beauceron/Bas-rouge mais ne possédant pas le double ergot, signe absolu d’appartenant à la race. Peu importe…ce chien ou plutôt, cette chienne, avait quelque chose de plus. Pourtant, elle était maigrissime, avait perdu la plupart de son pelage et faisait les 100 pas dans sa cage, traumatisée par un début de vie injuste. Ses anciens maîtres la battaient, jusqu’à ce que des voisins salvateurs les dénoncent à la SPA venant l’enlever des mains sales de ses bourreaux. Initialement dans le Sud de la France puis transférée en région parisienne où elle aurait plus de chance d’être adoptée; Buffy n’intéressait personne. Personne…sauf ma mère et ma soeur qui avaient perçu en elle une douceur et une sensibilité rares, celles du chien de berger dans toute sa splendeur, qui ne demande qu’à aimer fidèlement ses maîtres pour peu qu’on l’accepte. Un jour, je les avais accompagnées dans cette promenade, trouvant cette chienne bien difficile à apprivoiser, bien peureuse, bien « compliquée ». Mon coeur était encore un peu dur et mes rêves de perfection encore un peu trop ancrés. Comment trouver du potentiel dans ce chien brimé ?

Le jour où Buffy arriva à la maison, « pour un test d’adoption », je me demandais comment nous ferions avec deux chiens…ayant déjà un basset artésien, depuis des années.

Buffy aura volé des plats entiers en notre absence, déchiré des rideaux, cassé un certain nombre d’objets, mettant des années à substituer ses réflexes de panique par de la confiance. Petit à petit, ses poils repoussaient, elle apprenait à fermer les yeux, ne craignant plus une attaque irraisonnée et impromptue, elle acceptait de manger sans se méfier de nous, sachant que nous ne voulions que son bien et que nous l’aimions. Elle appris à accepter mon père, seul homme de la maison…Dieu sait si elle avait peur des hommes. D’années en années Buffy se mit non seulement à guérir mais à aimer la vie et à nous donner tellement plus encore…

A chacun de nos pleurs, Buffy aura su, à la hauteur de sa conscience canine, poser sa tête et offrir sa douceur, pour nous soulager…A chacun de nos rires, elle se sera joint à nous, battant de la queue et jouant, si heureuse de nous voir heureux. A chaque retrouvailles familiales, elle aura été au summum de sa sérénité, en bon chien de berger, si contente de nous voir ensemble.

Combien de dures heures passées en retrait, parfois malade, parfois juste triste (même très triste), j’ai pu passer allongée, aux côtés de ce chien extraordinaire qui offrait toujours sa présence au plus fragile du moment et ne le quittait pas des yeux. Combien d’heures de course en forêt, ces runs libres et heureux, sans montre, j’ai pu partager avec elle, toujours devant, se retournant vers moi les oreilles dressées l’air de dire « alors, tu viens ?! ». Combien de disputes familiales au sein desquelles elle se sera interposée, ne supportant pas de sentir de l’agressivité dans nos voix, si sensible à la paix et à la tendresse.

Comme le disait très justement Kilian, ami et ancien camarade de promotion militaire (car oui, l’armée fut une fuite à cette époque où je cherchais ma voie), la rançon des heures de bonheur passées avec quelqu’un ou avec un être vivant d’exception ne peut être que la tristesse de la séparation. Pour autant, si certains se privent d’aimer pour ne pas souffrir, j’ai trop grandi dans un environnement d’amour pour pouvoir vivre ainsi et sais être bien heureusement « condamnée » à une vie sensible et pleine de vibrantes émotions.

Aujourd’hui je suis très triste d’avoir quitté ma belle mais heureuse d’avoir été avec elle jusqu’au bout du bout et d’avoir pu lui donner sans relâche, toute cette tendresse et cet amour qui ont fait de sa vie, tout sauf « une vie de chien ». Si cet écran avait été du papier, vous y auriez vu des traces de larmes - la maison est bien vide sans toi Buffy mais la vie continue et je te promets que désormais et depuis toi, mon coeur est bien plus ouvert.

 

NB: Suite à la rédaction de cet article, j’ai choisi d’écrire à la SPA d’Orgeval pour les informer de la belle vie que Buffy avait eu au sein de notre famille et leur annoncer son départ… Une bénévole m’a répondu très rapidement, un message touchant que je vous copie ci-après et inséré dans la foulée mon court « témoignage » mail sur leur site: ici. Merci à tous ces bénévoles de l’ombre qui œuvrent pour nos bêtes…si belles !

« Bonjour,
Je viens de lire l’hommage vibrant d’amour que vous avez rendu à votre chienne. Merci du fond du coeur de l’avoir si parfaitement accompagnée, du début à la fin. Je ne peux qu’imaginer, à la profondeur de votre tendresse, l’immensité de votre chagrin. L’absence est cruelle, violente, mais le temps vous ramènera doucement le bonheur des moments complices que vous avez partagés.
Une douce pensée à Buffy.
Je me permets de copier l’une de ses photos pour illustrer votre témoignage.
Merci encore pour elle. Pascale, bénévole »

Et l’intuition, alors ?

Plus le temps passe, plus je chemine au gré des innovations, des marques, des tendances et de ma pratique sportive, aussi amateur soit-elle, plus je réalise une chose. Il me semble que l’être humain, pourtant si riche d’une multitude de capacités et de qualités qu’il prend parfois une vie entière à découvrir, se voit régulièrement privé de la force de son intuition et de sa connaissance de lui-même. On répète souvent que la course à pied permet d’apprendre énormément sur soi. Je suis bien d’accord …mais n’est-ce pas parce que par ailleurs, toutes ces technologies et ces « aides » du quotidien, se transforment en assistance qui nous réduisent à l’état de « followers » de notre propre vie. A l’inverse, la course à pied est une voie de progression qui nous met face à nous mêmes et nous permet de renouer avec toutes ces pensées intuitives, ce « feeling » souvent juste dont nous sommes pourvu et qui vaut bien mieux que bien des théories, des plans ou des « tu dois absolument… » et « il faut que » venant de l’extérieur.

Pour illustrer cet avis et se mettre l’esprit au vert, je vous propose de prendre l’exemple d’une course en pleine nature et d’en parcourir les innombrables bienfaits…

Long, court, rapide, lent…varier, varier, varier !

Ce matin, mal réveillée, peu motivée comme souvent ces temps-ci, je regardais mes Salomon Xt Wings 3 qui m’avaient aidée à parcourir les sentiers de randonnée corse cet été et me mis à éprouver à nouveau l’envie d’un tête à tête avec la nature…Ma prochaine course individuelle étant un semi-marathon, j’ai récemment pioché un plan sur le web parmi un lot de sources sûres et décidé de me l’approprier. Pour autant, à peine 1 semaine après le début de ce plan, je me trouvais déjà l’ajustant, le modifiant, annulant ou rajoutant des séances – ne le suivant pas du tout en fait, le pauvre! Mais finalement, les grandes lignes d’un entraînement équilibré me semblent intégrées : du court/ très rapide (VMA), du moyen/rapide (seuil), du long/lent (sorties longues), du court/lent (récup). Dans tout ça, je case systématiquement des côtes, systématiquement du bitume et systématiquement de la terre en sous-bois. La règle, si tant est qu’il y en est, est la diversité, l’envie et l’intuition.

Ce matin, en partant à moitié endormie et déphasée dans la forêt, sans chrono, sans cardio (de toutes manières je n’en n’utilise jamais sauf pour des tests…), juste avec de l’eau ; je vivais pleinement les bienfaits d’un entraînement en pleine nature.

La nature n’a pas de limites et nous libère…

Sur une route, il y a deux solutions : être à fond ou ne pas être à fond, selon la forme du jour. Certains ont une admirable régularité dans leur envie et leur entraînement, d’autres fluctuent beaucoup plus. Que faut-il faire alors ? Courir ou ne pas courir, est-ce la question ? Pas nécessairement. Courir en pleine nature est une merveilleuse alternative. La nature vous offre un terrain de jeu qui varie sans cesse. Une route reste une route. Un chemin en terre n’est jamais le même d’une sortie à l’autre. Un jour il sera dégagé, le lendemain des bogues de châtaignes l’auront recouvert, un autre jour encore un tronc d’arbre mort se sera effondré, vous barrant alors la route.

C’est bien normal, la nature est vivante, comme nous. Elle traverse des périodes fastes et luxuriantes, d’autres plus ardues. Elle sait s’épanouir ou se protéger, selon les saisons, selon les rythmes de la Terre. Courir en pleine nature c’est se reconnecter au temps qui passe en mettant de côté l’effet anxiogène que cela peut avoir et en se nourrissant au contraire, du mouvement perpétuel des choses. Un mouvement continu certes, mais pas une agitation pour autant. Dans la nature, tout est profond et porteur d’une grande force. Se laisser accueillir par des chemins étroits, des rangées d’arbres immenses ; se laisser éclairer par un rayon de soleil perçant à travers les branches ou se retrouver dans un coin plus sombre, d’une seconde à l’autre, nourrit l’esprit, rafraichit l’âme, éveille les sens. Lorsque le cœur n’est pas à la performance, lorsque l’envie de « sortir » est là mais pas celle d’atteindre un but précis, la nature répond présente.

Laissez-vous porter, votre vitesse n’a aucune importance. Concentrez-vous sur cette racine qui approche pour ne pas trébucher; centrez-vous sur votre souffle dans cette longue montée qui vous tend les bras; maîtrisez vos pas pour ne pas laisser fléchir vos chevilles un peu fragiles sur ce terrain totalement imprévisible; profitez de ne pas être à pleine vitesse pour écouter, sentir, regarder ce qu’il se passe autour de vous…un chevreuil, des oiseaux, une fleur miraculeusement ouverte au milieu d’un terrain sec, un arbre mort abritant une faune incroyable, un air frais et pur, le souffle du vent qui semble vous murmurer l’histoire de ces bois, …

L’énergie (re)vient ? Accélérez dans la ligne droite qui s’offre à vous ; la fatigue pointe le bout de son nez ? Ralentissez et continuez votre route lentement mais surement. Pourquoi ne pas marcher aussi, si vraiment le souffle vous manque ? Grimper une côte en marchant renforcera vos muscles quoiqu’il arrive. Courir en pleine nature/forêt implique un grand lâcher prise mais paradoxalement aussi une forme de vigilence, tant le terrain peut être surprenant et hétérogène.

Peu importe votre forme du moment, vous en ressortirez nourri et vous aurez avancé. Vous aurez relié vos sensations à votre environnement, respecté votre état de forme, ré-appris à l’adapter aux conditions du moment. Vous aurez redonné le pouvoir à votre intuition et à votre envie. Vous aurez progressé sans qu’un appareil n’ait besoin de vous le dire. Vous en ressortirez plus humble et plus libre.

A très vite, sur les pistes…

Après une introduction au sujet dans un 1er article - consulter l’article: S’écouter permet-il de se dépasser ? Quand la violence de l’effort prend ou perd sons sens (Acte 1/2); place ici aux témoignages de 4 coureurs que vous connaissez bien. Vous aurez alors en mains de bons éléments de réflexion complémentaires issus d’expériences variées et de qualité. Je cède la parole à nos intervenants…

Témoignage de Dominique Chauvelier

Mini Bio

Athlète de très haut niveau, Dominique Chauvelier a 57 ans et arbore une carrière de coureur de fond d’élite. 4 fois champion de France de marathon: 1981, 1990, 1991, 1993 - Record Personnel sur distance marathon: 2h11’24 (Milan, 1989) - Record Personnel sur semi-marathon: 1h02’34 et sur 10 000m: 28’50″08 - la liste est longue. Dominique nous confie sans retenue et avec le recul d’une expérience de plus 40 années de course, sa vision pleine d’esprit du sujet: dépassement et écoute de soi.

 

Dominique Chauvelier

Témoignage: « Je pense qu’il vaut mieux faire moins que trop »

Il y a un facteur essentiel dans le dépassement de soi et la violence de l’effort, c’est le volume de pratique et la connaissance de ses capacités. Quand on débute on croit toujours que l’on est allés au bout mais en fait, on a beaucoup de marge. Quand tu cours un semi à plus de 20km/h, là c’est réellement violent, mais c’est aussi jouissif parce que malgré la douleur, tu arrives à la gérer cette violence. Tu as les muscles bourrés d’acide lactique mais tu sais que tu peux continuer quand même. Finalement, il s’agit quasiment plus d’une violence mentale que physique mais qui ne concerne qu’un très faible pourcentage d’athlètes. En ce qui me concerne, je n’ai jamais regretté d’aller loin dans mes limites. Ce qui est fondamental et que trop de coureurs oublient est la force de la récupération. Il faut récupérer entre les séries, entre les entraînements, avant un marathon, après une course. Je pense qu’il vaut mieux faire moins que trop. Mieux vaut s’entraîner régulièrement sur la durée que chercher à se rassurer sans arrêt en faisant plus à un moment où on devrait arrêter. D’autant plus quand tu vieillis car tu ne récupères pas de la même manière et il faut l’accepter, le prendre en compte. Certains entraîneurs d’athlétisme ont l’œil et sont capables d’en déduire à la posture d’un coureur qu’il est HS et qu’il faut faire un break, mais c’est rare. La plupart du temps, il faut être capable soi même de se mettre des limites pour pouvoir durer dans le temps (NDLR: Dominique soutient mon dicton militaire « être et durer » !, cf. récit sur le GR20). Je vois malheureusement surtout chez les femmes un acharnement invraisemblable, un investissement excessif dans la course à pied. Il faut faire très attention: faites-vous plaisir ! C’est la seule solution pour garder l’envie le plus longtemps possible. Si moi j’ai duré si longtemps, c’est parce que je ne me suis jamais usé psychiquement. Même à un niveau amateur on peut faire les choses sérieusement certes, mais en rigolant ! Diversifiez ! Rencontrez des gens différents, ne remplacez pas trop de séances par des compétitions: apprenez à persévérer seul, hors manifestations sportives. L’entraînement paie beaucoup plus. En revanche, sur des séances de VMA, il faut savoir se faire mal, se dépasser. Puis, sur un footing de récup’, il faut savoir récupérer et rien d’autre. Après un marathon, il faut changer, passer à autre chose. Il y a tellement de choses à faire dans la vie. Démystifiez les plans d’entraînement, sachez vous donner à fond quand il faut mais pas tout le temps pour garder votre fraîcheur. Moi cela fait 45 ans que j’ai envie et que j’en vis ! Quand je vois l’hyper-démocratisation des ultra-trails, je constate que les gens n’ont jamais fini de vouloir aller plus loin. Souvent, ce sont des coureurs qui savent qu’ils n’amélioreront jamais leur chrono sur un marathon donc qui changent de terrain de jeu; c’est une sorte de fuite. Sur l’UTMB, tu vois les 20 premiers courir mais pour les suivants, c’est la lutte - est-ce que ça a vraiment du sens ?

Je dirais ainsi que: le marathon est violent; le trail est dur (aussi parce que ça dure dure dure…) - c’est différent…quoiqu’il en soit, sachez préserver votre envie !

Témoignage de Mathieu Bertos

Mini Bio

Mathieu a 28 ans, il est vendeur running, rédacteur sur U-run, et coureur sur toutes surfaces depuis… au moins 23 ans!
Ses chronos de référence sont les suivants - sur 5000m : 15’47; sur 10km: 33’02; sur semi-marathon: 1h12’04 ; sur km vertical: 44’34.

Retrouvez le blog de Mathieu Bertos: Mathieu Bertos running.

Mathieu Bertos

Témoignage: « Ceux qui arrivent à accepter la douleur vont plus loin dans l’effort et la performance »

Parfois, il faut s’arrêter et prendre le temps de trouver un sens à ce que l’on fait. Se fixer un but, mettre les moyens pour y arriver. Pour autant ce but à atteindre doit tenir compte des moyens que l’on a déjà, des éléments que l’on est prêt à mettre en œuvre. Certains ont des qualités naturelles et atteignent un certain niveau de performance que d’autres ont du mal à avoir sans s’employer.
Personnellement, je pense que le premier et le principal adversaire que nous avons, c’est nous-même. Si on arrive à être maître de soi, à se connaître, on peut donner le meilleur et ne pas regretter. Le ton de la réflexion est philosophique, mais concrètement, s’il n’y a pas réflexion sur ce que l’on veut et sur sa façon de faire, on tourne en rond.

Pour ma part je cours depuis longtemps et j’apprends sur moi tout le temps. Je suis encore en train de progresser. Je connais mieux mon corps, mes qualités, et j’arrive à mieux gérer mes efforts. La course est une question de gestion de plein de paramètres. Plus on est en maîtrise, plus on progresse. Mentalement, je deviens plus fort aussi. Par moments, je fais l’effort dans ma tête de tenir le coup dans les difficultés et les coups de mou… Si je le décide, je peux pousser plus loin malgré la souffrance. Ceux qui arrivent à accepter la douleur vont plus loin dans l’effort et la performance. Les limites demeurant: les risques sur la santé.

Pour ma part, je garde les pieds sur terre.

Témoignage de Bernard Bizet

Mini Bio

Coureur et blogger de 37 ans, Bernard pratique la course à pied depuis mai 2011 après 3 années de handball; 3 années de volley et de tennis de table; 20 années de basket soit 28années cumulées de sport au compteur ! Ses records personnels toutes distances sont les suivants - 10km: 43’42 »; 15km: 1h09’26 »; Semi-marathon: 1h38’30 »; Marathon: 3h57′.

Retrouvez le blog de Bernard Bizet, alias: « Le Gros Joggeur », à l’adresse suivante: blog de Bernard Bizet.

Bernard Bizet

 

Témoignage: « la notion de plaisir n’occulte aucunement le progrès ».

Bien que je n’aie que deux ans et demi de pratique, j’ai un avis assez définitif sur la question. Ma pratique de la course à pied est plutôt simple et j’évite de me rentrer dedans, sauf bien sûr lors des séances de résistance dure (type VMA), qui méritent bien leur nom. Pour ma part, le concept « No pain, no gain » s’applique uniquement lors des compétitions où je cherche une « performance ». Je suis donc à 100% lors de ce type de course et malgré la douleur je ne lâche absolument rien (la plupart du temps) en fin de course. Cependant, je surveille tous les signaux que m’envoie mon corps. En général, je respecte mes programmes d’entraînement à la lettre, (un peu rigoriste, j’avoue) mais s’il faut adapter la séance à la forme du jour, je le fais sans hésiter. A mon niveau de pratique, la notion de plaisir est primordiale. J’attends toujours la prochaine séance avec plaisir, voire impatience, tout comme la prochaine course.

Est-ce à dire que je suis trop cool? A chacun son avis. La notion de plaisir n’occulte aucunement le progrès. Je ne suis pas du tout un adepte du bourrinage absolu mais d’un progression harmonieuse qui permet à mon corps de tout assimiler sans dommage.

Témoignage de Romuald de Paepe

Mini Bio

Romuald a 38 ans et pratique essentiellement le trail depuis 4 ans. Ses résultats l’ont amené à obtenir 2 fois la place de 4ème du championnat de France de trail. Actuellement 3ème du TTN (NDLR: « Trail Tour National ») avec quelques victoires comme au Morbihan (2 fois), à l’Eco trail 50km de Paris (3h10, 2010), aux crêtes vosgiennes… Côté athlétisme, sans jamais vraiment s’y consacrer pleinement, l’hiver Romuald s’attèle au cross (62ème au France cette année), ce qui vaut aux alentours de 30’50/31′ sur 10km.

Romuald de Paepe

Témoignage: « C’est toujours le corps qui aura le dernier mot »

Peut-on dépasser ses limites en écoutant son corps? Vaste sujet, mais tellement intéressant… Avec l’expérience et mes années de pratique, je commence à vraiment bien me connaître. Sur des séances de seuil, je dirai que c’est là où je peux essayer d’aller voir plus loin. A mes allures de seuil, il m’arrive de sentir que le niveau de forme est là, que mes sensations montrent que je peux tenter d’aller un peu plus loin… C’est dans ces instants-là qu’il m’arrive d’augmenter mon rythme et de sentir que finalement, je franchis un palier… Tout cela évidemment ne peut se faire si la motivation, l’envie, la détermination ne sont pas présentes. Et quoi que l’on fasse, c’est toujours le corps qui aura le dernier mot…

Un grand merci à nos athlètes pour le temps consacré à la rédaction de ces témoignages. N’hésitez pas à nous faire part de vos expériences et de vos avis; chaque sportif est une histoire en soi !

« Écoute ton corps! »…ou, « Arrête de t’écouter et avance! »…ou bien, « Sois attentif à tes signaux corporels! »…ou encore, « Ne te pose pas trop de questions, fonce! »…tout cela est bien contradictoire. Ne vous êtes vous pas retrouvé(e)s dans ces situations paradoxales ou tantôt l’on vous supplie de prendre soin de vous et tantôt l’on vous reproche de vous reposer sur vos acquis ? A une époque où la performance est au centre de tout, où s’affrontent sans arrêt des mouvements « slow » et « zen » de recentrage sur soi et des mouvements inverses de « défis », de dépassement de soi, de « toujours plus », comment se positionner sans culpabilité dans tout cela ? Comment trouver sa place sans nécessairement être « au juste milieu », mais à son propre équilibre - entre jouissance du défi relevé et respect de ses capacités ? Comment être plus libre et plus serein dans sa pratique sportive ?

Cap sur une réflexion passionnante et essentielle, à l’orée d’une nouvelle saison de course à pieds. Article agrémenté de témoignages de qualité (acte 2/2): à lire de A à Z !

Ce qui ne tue pas nous rend plus fort ? Pas nécessairement.

A tout juste 29 ans et après une dizaine d’années mouvementées, je réalise l’ampleur des défis relevés, des pays découverts, des projets accomplis, des apprentissages cumulés. Une accumulation exceptionnellement riche par certains côtés, brutale par d’autres. Accro au défi et à l’adrénaline pendant tout ce temps, je suis en train de changer. Non pas uniquement par lassitude mais également par prise de conscience: il y a de grandes richesses dans la simplicité, le calme et la lenteur. Une idée me vient en tête: les cours de Pilates, pendant lesquels chacun(e) doit réaliser des mouvements bien connus mais, lentement. D’apparence extérieure inefficace, ces séances sont véritablement difficiles ! L’intensité est en effet répartie dans la durée donc décuplée. En dehors de cet exemple un peu sommaire, il se trouve que l’intensité réelle n’est pas nécessairement celle qui se voit ou qui fait du bruit. Or, nous sommes souvent aux prises de ce qui se voit et valide notre raison d’être. Cet été, en plein « essai de GR20 Corse« , l’un de mes co-équipiers me lançait dans la difficulté « tu en ressortiras plus forte« . J’étais furieuse d’entendre cela et pourtant, sa déclaration partait d’un bon sentiment. Furieuse pourquoi ? Parce qu’à force de se mettre en difficulté pour s’aguerrir, je pense que l’on peut s’affaiblir. L’Amour vicieux qui nous pousse à vouloir sans arrêt flirter avec nos limites est dangereux. Il est le symptôme d’un besoin de sentir la vie sans arrêt, comme pour se rappeler que l’on est bien là, bien vivant. Le problème vient d’être cité et tient en un mot: limites. Vouloir croquer la vie à pleine dents est une chose. Faire taire son corps et son esprit pour refuser d’entendre ce qu’ils nous disent et refuser la réalité, souvent moins glamour que les fantasmes, en est une autre. Le problème dans tout cela est que nous n’avons pas tous les mêmes limites ! Que faut-il faire alors ? Se connaître, toujours plus, toujours mieux et s’accepter tel que le l’on se découvre, pour « être et durer » (bis)…

Crédit photo: Sébastien RUC.

Nos défis ont-ils toujours un sens ?

Il ne s’agit pas là de compliquer les choses en voulant tout comprendre et tout expliquer. Au contraire. En revanche parfois, se poser pour aller au fond des choses, prend certes un certain temps mais en fait gagner par la suite. Pour tirer un maximum de plaisir de sa pratique sportive, être fier(e) de ses choix et de ses accomplissements, se remettre de ses échecs, avancer sans s’enfermer, prendre sa progression avec sérieux sans se prendre au sérieux, rechercher la performance tout en restant lucide et réaliste, il faut se poser quelques questions essentielles:

- Pourquoi je veux relever ce défi ?

- Qu’est-ce que ce défi représente pour moi ?

- Qu’aurai-je comme image de moi même si je réussis ? si j’échoue ?

- Pourquoi ce défi et pas un autre ?

- Ce défi peut-il me faire grandir ?

- Est-ce que je relève ce défi pour moi ou pour les autres ?

Plus vous aurez une connaissance lucide et pleine des raisons qui portent vos choix, plus vous les assumerez avec une sérénité que peu de gens connaissent.

Moi, si petite face à cette montagne Corse. Crédit photo: Sébastien RUC.

 

No pain, no gain ? No brain, no fear ? What else ?!

La première phrase est bien connue de tous. La deuxième vient de l’armée: répétée en long en large et en travers par des élèves pilotes de l’armée de l’air que j’ai eu la chance de rencontrer en formation d’officier. Il est certain que trop de réflexion tue l’action (expérimenté et validé face à l’angoisse du vide sur le GR20 cet été!). Il est aussi certain que l’on obtient rien sans efforts. « Faire du sport sans se fatiguer » ou « tout en restant sur son canapé« : non merci ! Je laisse ces phrases stériles aux magazines (souvent féminins) qui tentent de rassurer tous ceux ou celles que la simple vue d’une paire de baskets effraie. Chacun son truc, mais il y a une véritable beauté dans l’envie, l’acharnement et l’engagement de toutes ces personnes qui cheminent dans une voie de progression sportive. Comme pour tout, il faut aller au delà de sa paresse, de sa lassitude, de sa voix intérieure qui parfois tire vers le bas. Il faut sortir de soi, avancer, se mettre en mouvement. Un corps sain est fait pour manger, bouger, danser, aimer, pas pour se préserver dans une cage en cristal au risque de s’abîmer ! Dans ce voyage initiatique qu’est la vie, il y aura donc des moments de « trop », d’autres moments de « pas assez », l’essentiel est de toujours essayer pour avancer et de bien s’entourer, car seul, on est bien peu de choses.

Finalement, la solution n’est-elle pas d’être à 100% à ce que l’on fait en veillant à ne pas toujours faire la même chose ? Se dépasser à 100% lors d’un entraînement difficile; récupérer à 100% après un entraînement difficile; faire un footing de récup’ et réellement de récup’; retrouver des amis ou proches hors-course à pieds et être 100% avec eux à ce moment là; faire un effort nutritionnel les 3-4 jours précédant une course mais ne pas s’interdir tout et n’importe quoi le reste du temps; accepter de dormir le temps nécessaire si nécessaire; faire suffisamment confiance à son corps, qui est un allié et non un ennemi, pour manger lorsqu’il a faim - pour l’arrêter lorsqu’il vous dit stop - pour le stimuler lorsqu’il déborde d’envie…- tout cela ne devant pas être une guerre de tranchées: « moi contre mes limites », mais une écoute empathique et sage, qui vous appartient.

 

Témoignages: un plateau de qualité

Rendez-vous dans quelques jours pour un plateau de témoignages de qualité. Le temps pour vous de réfléchir au sujet et vous retrouverez les conseils, exemples concrets, avis et confidences de:

Dominique Chauvelier, 4 fois champion de France de marathon (1981, 90, 91, 93) - RP sur marathon: 2h11mn24s à Milan en 1989; Champion de France de semi-marathon (1989) - RP sur semi-marathon: 1h02mn36s à Saint-Malo en 1992.

Mathieu Bertos, rédacteur sur u-run. fr - Retrouvez son blog personnel: « Mathieu Bertos: la passion du running« 

Bernard Bizet, alias « Le Gros Joggeur » - Retrouvez son blog personnel: « Les chroniques du Gros Joggeur« 

Romuald de Paepe, trailer du team Adidas - Retrouvez son site personnel: « Romuald de Paepe, team Adidas »

Crédit photo: Sébastien RUC.


Un électro-choc…

Le lundi 02 septembre au soir, l’actrice Valérie Benguigui s’éteignait, des suites d’une longue maladie contre laquelle elle se sera battue avec courage mais qui l’aura vaincue. Cette maladie a emporté la maman d’une de mes plus proches amies cet été, ma bien-aimée grand mère il y a presque 18 ans et touché plusieurs femmes très proches qui jusqu’à maintenant ont tenu bon, mais jusqu’à quand ?

Valérie Benguigui: « La perte d’un sourire » Copyright www.parismatch.com

 

Comme dirait cyniquement Stromae: « Quand c’est, quand c’est, qui est le prochain ? »

Quoi de pire que d’être attaquée dans sa féminité et d’en mourir ? Ces seins, symboles de la femme, symboles de la mère, altérés, mutilés…foyer de la vie devenant foyer de la mort. Quelle tristesse.

Touchée depuis très longtemps par cette maladie d’autant plus qu’elle est héréditaire et que chacune de mes soeurs ou de mes cousines ne peut s’empêcher d’y penser, j’ai eu un réel electro-choc ce matin en lisant les nouvelles…Valérie Benguigui était une épicurienne, « elle aimait rire, boire, manger, danser » cite le Figaro, comme toutes ces femmes qui laissent leur féminité battre son plein, quitte à assumer quelques débordements d’émotions, quelques rondeurs, quelques excès…toute cette chaleur qui fait leur immense charme. Voir cette femme charismatique et douée, amoureuse de la vie, mère et épouse épanouie, partir si froidement à 47 ans n’a pu que réveiller de vives émotions en moi: du dégoût, de la colère, du sentiment d’impuissance. Sombre nouvelle, une fois de plus. La maladie fait partie de la réalité de la vie, parfois belle, parfois dure, rarement fade…Si notre société force à l’exaltation permanente: il faut être heureux, il faut sourire, il ne faut pas se mettre en colère, il ne faut pas parler de ce qui fâche,…il faut pourtant reconnaître ce qui est triste et douloureux, non seulement pour savoir faire des deuils mais aussi, pour pouvoir jouir de ce qui est heureux ! Place aux joies de l’avenir désormais.

Courir contre le cancer…pour elles ?

Dans la continuité de cette réflexion, je pense qu’après le temps de la tristesse vient le temps de la ré-action. Ce matin, j’ai eu envie de pleurer et puis…je me suis dit qu’il fallait, à mon humble échelle, m’engager, agir, faire quelque chose. J’ai alors pensé à cette toute 1ère course officielle à laquelle je m’inscrivais en septembre 2011: Odyssea ! Alors que je découvrais à quoi servait une puce de chronométrage, alors que je n’avais pas la moindre idée de ce que signifiait « temps réel » ou « temps officiel », alors que je me rendais sur la ligne de départ avec 3 amies, ne connaissant ni mon allure ni ma capacité à tenir 10km sans marcher…je mettais un pied, sans le savoir, dans une grande histoire d’Amour avec la course à pied, une histoire que vous connaissez !

Cette histoire, je veux la célébrer, la revivre cette année, d’autant plus que la cause soutenue par Odyssea n’est autre que la recherche contre le cancer du sein. Pour aller un peu plus loin, j’ai également choisi d’ouvrir une cagnotte grâce à Alvarum et de solliciter autant de personnes qui le voudront et le pourront, pour contribuer aux dons qui seront versés, à l’issue de la course, à Clara Nahmias et son équipe de l’Institut Cochin (Paris). Ces derniers ont fait une découverte majeure : celle d’une molécule anti-cancer nommée ATIP3 qui empêche les cellules cancéreuses de proliférer et bloque l’apparition de métastases.

Pour que les 12 000 décès annuels dus au cancer du sein en France diminuent toujours plus, pour soutenir ceux qui vouent leur vie à sauver celles des autres, pour marquer votre considération et votre engagement envers cette belle cause, je vous invite à:

1. Vous inscrire à la course: 5km (marche ou course) ou 10km (course): cliquez ici pour courir contre le cancer du sein !

2. Participer à la hauteur de vos moyens à la cagnotte que j’ai ouverte via Alvarum, pour l’association Odyssea (date limite: 30 septembre): cliquez ici !

Un grand merci pour votre fidélité, votre sensibilité, votre lecture attentive et votre engagement - j’espère sincèrement vous retrouver le 6 octobre à Vincennes (lien vers l’évènement Facebook Hotsteppers ici!)…Unissons nos foulées !

Chers lecteurs,

Cette lettre ouverte ne se veut pas dédaigneuse ou pseudo méprisante comme peuvent l’être certains écrits de journalistes gênés par l’engouement des uns et des autres face à la course à pieds. Cette gêne, plutôt que de les pousser à approfondir pour comprendre le phénomène, les rend bêtes et les plonge dans un snobisme protecteur, qui à défaut de leur faire des amis, leur fera du buzz. Cette lettre se veut être une réflexion constructive sur l’attachement il est vrai particulier, que près de 10 millions de français (et tant d’autres dans le monde) vouent sans infidélité, chaque jour, à ce sport bipède et relativement basique qu’est la course à pieds.

Pourquoi, mais pourquoi ?

Il s’agit ici de tenter de répondre aux incessantes questions « pourquoi tu cours ? », « après quoi tu cours ? » ou même aux injections « mais arrête donc de courir ! ». Cette lettre est à la fois une réponse personnelle et collective, fruit de l’observation depuis près d’1 an du comportement de nombreux coureurs et de l’analyse de leurs « raisons » de courir que je partage avec vous sans retenue dans ce billet. Prenons ainsi comme base de discussion le récent article de la journaliste Lisa Vignoli (le lire ici !) qui voit en l’ensemble des coureurs sans distinction un trouble, que dis-je une pathologie : la toxico du chrono !
A une époque où la moindre critique semble interdite, où il faut être « tolérant » au point de ne plus avoir le droit d’émettre un avis quelconque, où les difficultés économiques et sociales sont indéniables, il est surprenant de constater un tel acharnement face à de simples individus trouvant un plaisir récurrent et parfois salutaire dans la pratique d’un sport. La vie n’est pas toujours simple et chacun compose avec ce qu’il a pour être qui il peut, à défaut d’être qui il veut. Rien n’est linéaire, rien n’est parfaitement dosé, rien n’est optimal c’est aussi cela qui fait le charme de l’humanité. Pour autant, en quoi l’enthousiasme passionné de l’un parvient-il autant à déranger l’autre ? Est-ce vraiment la course à pieds qui pose un problème ou le dynamisme de ses pratiquants qui énerve ? Combien de personnes sont des « workaholics » en puissance ? Combien vouent à l’alimentation un culte infini au point d’en devenir les serviteurs plutôt que les maîtres ? Combien sont proprement incapables de rester fidèles à leur conjoint, poussés sans arrêt à multiplier les aventures extraconjugales, comme dépendants à l’excitation de la séduction permanente ? Combien se lobotomisent devant des jeux vidéos au point même de confondre le virtuel et la réalité ? Combien préfèrent boire pour oublier que d’agir ? La liste est longue. Dans ce contexte, il me semble qu’un investissement même intensif dans la course à pieds parait bien ridicule dans la liste des addictions ! Car pour autant, je ne nie pas cette addiction comme je ne nie pas la bigorexie. Mais la bigorexie est une pathologie et tous les coureurs, s’il vous plait, ne sont pas malades.

Du bon matériel pour tous, oui et alors ?

Concernant le matériel « hors de prix » utilisé par les débutants comme les experts : nous sommes dans une société de consommation qui a perdu ses rites et sa spiritualité. Or, l’être humain est spirituel de nature : il aspire à autre chose qu’au simple matériel et a besoin d’espérer, de croire. A défaut de croire en Dieu, il s’attache à des idoles, se rassure en achetant du matériel dernier cri, assoit son identité à sa manière. Cela n’a rien à voir avec la course à pied mais avec un phénomène social dans son ensemble. On nous vend systématiquement du matériel qui coûte cher et qui ne dure pas ; du matériel qui ne se répare pas et qui se change régulièrement ; c’est le principe de l’obsolescence programmée qui une fois encore n’a rien à voir avec la course à pieds. Par ailleurs, je trouve cette vision négative du « runner débutant » paré des pieds à la tête « comme un pro » particulièrement élitiste. Depuis quand faut-il être un pro pour « avoir le droit de.. » ? Je ne suis pas journaliste pro, je n’ai donc pas le droit d’avoir un blog ? Je ne suis pas athlète de haut niveau, je n’ai donc pas le droit de suivre un plan d’entraînement au marathon ni d’avoir du matériel de qualité qui rende ma pratique sûre et agréable ? Certaines marques comme Décathlon l’auront compris en démocratisant le sport au maximum et en décomplexant ceux, trop nombreux, qui n’osent pas mettre de baskets craignant d’avoir l’air ridicule. Ce ridicule qui freine et prive plus d’un d’expériences sportives bénéfiques, à tort. J’en viens à la « baseline » de mon blog que je voulais au départ qualifier de « soft performance » mais que j’ai laissé de côté pour le moment. L’idée principale étant de dire qu’il n’y a pas de niveau légitime pour avoir le droit de s’impliquer avec sérieux tout comme le terme « performance » n’est pas un synonyme de « haut niveau ». Une performance est propre aux objectifs d’un individu, à ses moyens, à ses forces, à ses difficultés. Comment peut-on se permettre de dire à celui/celle qui aura été au bout de son tout premier 10km sans s’arrêter, que ça n’est pas une « performance » ? Quand on comprend et que l’on connait ne serait-ce un tout petit peu, l’effort mental et physique que nécessite la course à pieds, on ne dit pas ce genre de choses.

Ne pas confondre addiction et implication…

Finalement, je concluerai sur une note positive mais claire. J’invite tous ceux (y compris dans mon entourage) qui à défaut de rester indifférents s’énervent devant l’assiduité grandissante à la course à pieds de tout un pan de la population, à se rendre un jour à l’arrivée d’une course. Quand vous verrez le plateau élite franchir les derniers mètres d’une course transcendés par l’effort et la joie, vous en aurez quelques nouveaux frissons. Mais ne partez pas tout de suite, le meilleur reste à venir. Vous verrez alors des centaines voire des milliers de coureurs défiler, tous aussi différents les un des autres. Il y aura des jeunes et des beaucoup moins jeunes. Il y en aura des très affûtés, d’autres carrément en surpoids. Des hommes, des femmes…Vous verrez même des coureurs non-voyants accompagnés de guides qui terminent leur course avec une joie palpable. Vous aurez aussi peut-être la chance d’apercevoir une joellette, ce « moyen de transport » permettant à des coureurs valides de pousser des jeunes handicapés sur 10, 20 et parfois bien plus de km. Je vous renvoie à mes récits sur le marathon des sables 2013 mettant en scène le team Transavia Sportera Handi’cap et ses 3 jeunes handicapés : Marie, Astrid et Gaëtan que j’ai eu la chance de connaître et de suivre. Pour permettre à ces jeunes de vivre une expérience hors du commun : 250km dans le désert Marocain, l’équipe a du s’entraîner avec rage et acharnement. Pousser une joellette dans les djebels ça n’est pas une mince affaire. Ça oui ils ont du en annuler des déjeuners pour maintenir leur rythme, mais cela s’appelle de l’engagement. Cette valeur désuète que peu de gens connaissent à une époque où l’on se réserve toujours le droit de se défiler à la dernière minute « au cas où ». C’est aussi pour cette raison qu’à mon niveau je m’attache fidèlement à suivre un plan marathon cet été : pas pour le chrono (je m’en fous !) mais pour le défi personnel de pouvoir s’attacher dans la durée (9 semaines) à suivre une voie de progression. Je trouve ça beau moi et je trouve qu’il est bien dommage de confondre addiction et implication. Cela dit cette lettre ne me concerne pas spécifiquement car je sais avoir une pratique très libre de la course à pieds, une pratique que je maîtrise et qui me sert (et non l’inverse). Pour autant, j’espère qu’à la lecture de ces lignes vous aurez eu, à défaut d’être convaincu(e), envie de nuancer un peu plus vos propos et de remettre les choses à leur juste place pour mieux comprendre « tous ces runners » !

D’ailleurs, les Hotsteppers relancent dès la rentrée leur rendez-vous mensuel : « run apero » : un entraînement collectif suivi d’un verre pour le plaisir, vous venez ? - Marie

 

Rétrospective

Depuis quelques jours le soleil chauffe et le rythme général ralentit, permettant de « faire le bilan, calmement, en se remémorant chaque instant…! » - Ce matin en courant sous un soleil de plomb qui aura liquéfié mon corps et mon cerveau, épuisé mes réserves d’eau et m’aura contrainte de finir en marchant pour ne pas me retrouver déshydratée et confuse au bord de la route, je me suis laissée aller à penser à l’année écoulée. Surfant entre coureurs, VTTistes et marcheurs nombreux en ce dimanche estival je pensais aux kilomètres à venir et à ceux parcourus. Depuis ma toute 1ère course officielle en septembre 2011: Odysséa (10km en 59min sans expérience ni préparation à l’époque!), j’aurais goûté aux joies de la route sous ses formes diverses et variées:

Plusieurs 10km : Foulées du 8ème (janv 2012) en 54min29, 10km de Rueil (mars 2012) en 53min32; Solirun (avril 2012) en 53min07; 10 km du Bois de Boulogne (avril 2012) en 53min et quelques (temps erroné sur top chrono suite inversion de dossards!); 10 km Paris Centre (oct 2012) en 52min16; Corrida de St Germain en Laye (déc 2012) en 51min40; 10km du Bois de Boulogne (avril 2013) en 49min49 (meilleur chrono)…

Deux 15km: Foulées des Laveuses (juin 2013) en 1h24, Go Sport Running Tour (juin 2013) en 1h20…

Deux semis et un 20km: Barcelone (fevrier 2013) en 1h53, Paris (mars 2013) en 1h54; la Paris-St Germain (mai 2012) en 2h00 pile…

Quelques courses fun: crazy Jog 2012, course des Pères Noëls d’Issy les Moulineaux 2012; So Mad 2013…

Deux trails: l’EcoTrail de Paris 30km en 3h03 et le Trail de l’Yonne 85km en équipe;

Au final, beaucoup de bonheur, de rencontres, de satisfaction; très peu de blessures si ce n’est quelques contractures ponctuelles…un blog créé de novo, une formation de nutrition sportive accomplie sur 6 mois…du chemin parcouru, en kilomètres de bitume et de vie ! Le moment est donc venu, 2 mois avant l’anniversaire du blog Hotsteppers (et le mien ;) ) de me lancer dans la grande aventure du Marathon ! Celle face à laquelle on ne peut tricher. Voici mon programme sportif prévisionnel de la saison à venir: celle dédiée au lâcher prise et aux découvertes, aux échanges, au renouveau …

Ete 2013: coup d’envoi !

Côté sport

Le gros objectif de la rentrée, vous l’aurez compris est le Marathon du Médoc. Plus qu’un objectif de rentrée c’est un objectif estival à part entière puisqu’en amont du D-day se cachent (ou pas!) 9 semaines de préparation en l’occurrence soigneusement concoctées par Thierry Guibault, non accessoirement double (et bientôt triple) vainqueur du sus-nommé Marathon. A raison de 4 séances par semaine que je détaillerai chaque lundi matin et sur lesquelles je reviendrai en détail en fin de semaine (sensations, feeling, retour d’expérience, point nutritionnel, …) Thierry veut me faire travailler sur un objectif de 4h00. Le Marathon du Médoc étant un peu particulier de par son relief, sa chaleur et ses ravitaillements atypiques, je ne pense pas atteindre cet objectif pile mais espère ne pas trop m’en éloigner. Il va falloir être sage et c’est pas gagné !

Affiche du Marathon du Médoc 2013

Toujours dans le volet sportif, un Trail prévu le 04 août: la version 30km de l’EDF Cenis Tour en Haute Maurienne Vannoise. Une petite expédition aoutienne avec un ami pour respirer l’air pur de la Savoie et inclure une course un peu corsée au cœur de la prépa (1600m de dénivelé positif…) - Mon pote Charles avec qui je pars m’a répété au moins 10fois qu’à un moment il y aurait une corde pour se tenir tellement ce serait pentu! Bon ok, j’ai compris, ça va être dur…de toute manière au dernier Trail de 30km j’ai franchi la ligne d’arrivée en pleurant donc je ne m’attends pas à mieux cette fois, ce seront des larmes de bel effort et d’émotion (comme toujours…)!

Crédit Photo: Organisation de la course

Dernier volet sportif de l’été et non des moindres: un projet de parcourir le GR20 en partie ou en entier, aux alentours de la mi-août. Non par superstition mais pour ne pas risquer de déception si le projet n’aboutit pas, je n’ajouterai pas plus de détails pour le moment. NB: tout connaisseur de la Corse ou pratiquant de ses sentiers est chaleureusement invité à venir m’en parler autour d’un mojito ou d’un verre de Médoc :) (vous me seriez alors doublement utile, je ne tiens pas l’alcool - là aussi j’ai du boulot !)

Crédit photo: Jérémy Vaucher (visitez son site de sport outdoor!)

Côté Blog

L’été est le moment parfait pour déconnecter. Loin de vouloir laisser mon bébé blog en jachère je vais toutefois faire le plein de bonnes idées pour la rentrée. Il y a un an je rentrais les premières lignes du tout premier article et m’essayais à customiser quelques widgets, installer quelques plugins, titiller les bases du langage html…un été plus tard j’ai observé, analysé, remis en question un certain nombre de choses que j’espère bien améliorer tranquillement au cours d’un ‘web-lifting’ prochain !

En attendant, je vous souhaite tous de belles vacances tant attendues; prenez soin de votre corps et de votre mental; renouez avec vos sens et vos envies; prenez le temps de voir ceux que la frénésie de l’année éloigne de vous; dites à ceux que vous aimez que vous les aimez et continuez de profiter de la vie comme en témoigne votre goût pour le sport :)

Je vous laisse en musique, à très vite sur les pistes, …plages !

Prélude d’une sortie verte et naturelle

Une image vaut parfois mille mots; parfois aussi il vaut mieux se taire et laisser place au naturel, à ce qui jaillit spontanément sans artifices. C’est en courant dans la forêt, souvent le vendredi soir après une semaine chargée que justement, je me dé-charge ! Les arbres sont immenses, je suis seule au monde et je me sens portée par une énergie incroyable: celle de toute la faune et la flore qui habitent ces lieux paisiblement.
En dépit d’un parcours chaotique et régulièrement interrompu au cours de la sortie illustrée ci-après, j’ai pu profiter au maximum de cette nature luxuriante qui après des alternances de pluies diluviennes et de soleil brillant a pris des dimensions incroyables. Chut, place aux images pour un article visuel…

Le pouvoir de la forêt en images...

Clochettes rose sur fond verdoyant, une pointe de couleur vive et stimulante qui vient éveiller l’oeil du coureur rêveur sur son chemin…

De hauts et minces arbres qui semblent ne pas connaître de limites, sauf peut-être celle du ciel…

Résultat de journées de pluies diluviennes qui ont gorgé les nappes phréatiques d’eau jusqu’à en déborder..

1er obstacle: la flaque; 2ème obstacle: le tronc en travers du chemin; ce fut résolument une course « par intervalles » !

Un petit chemin qui s’en va loin…

Forêt miniature de fougères ou le repère préféré des chevreuils qui en surgissent souvent le soir à la tombée de la nuit…

Un run plus tard et la lumière fut…

Clochettes jaunes, reflets du doux soleil attendu en fin de journée humide

Quand le runner se fond dans la nature et se fait tout petit…

Énième passage complexe face à une nature démesurée qui a pris toute la place possible et plus encore…

A très vite sur les pistes, pour peu qu’elles soient belles!

Marry versus Sandy: une pression politique plus qu’éthique ?

Marry Wittenberg, organisatrice du Marathon de NYC, s’exprimait hier en annonçant que depuis une semaine, le marathon de New York 2012 n’avait cessé d’être une simple course et était devenu une lourde polémique.

Le message de l’organisation sur le site officiel de l’évènement confirme ces paroles en proclamant qu’une telle controverse ne pouvait pas être tolérée dans le cadre d’un rendez-vous sportif de cette envergure. L’annulation tardive (moins de 48h00 avant le début de la course) du rassemblement tant attendu de près de 50 000 coureurs prévu ce 4 novembre 2012 aura ainsi fait l’effet d’un coup de théâtre au sein d’une vaste communauté de coureurs dont bon nombre venus des quatre coins du monde. Ce qui demeure toutefois discutable est le fait que les forces de police et les générateurs d’électricité mis à disposition de la course n’aient pas été déployés au détriment des centaines de milliers de new yorkais sinistrés. Techniquement, l’on peut donc dire que le marathon de New York 2012 aurait pu être mis en oeuvre. Cette annulation relève ainsi de la cession des politiques new yorkais face aux vives réactions d’une population majoritairement contre le maintien de la course dans un contexte de souffrance et non d’une incapacité logistique. Si ce choix peut être largement compris, si l’on ne peut que remettre les choses à leur place en relativisant (annulation d’une course versus souffrance humaine), il peut toutefois être reproché aux organisateurs et au maire de New York Michael Bloomberg d’avoir pris une telle décision si tard.

Du côté des participants: des investissements financiers et émotionnels sous l’eau

Rappelons le: pour participer au Marathon de New York, il faut passer par l’une des agences officielles chargée de vendre des « packages » incluant vol, taxes d’aéroport, hébergement et dossard aux futurs inscrits. Cela implique d’investir entre 2000 et 5000 euros (selon le standing) pour l’ensemble du deal et de s’y prendre jusqu’à 2 ans à l’avance. Pour la minorité des coureurs souhaitant procéder hors package d’agences, l’organisation du Marathon de New York a mis en place une loterie. Cette loterie donne chaque année l’opportunité à 20% des inscrits de se procurer un dossard par ses propres moyens (prix fixé à 290 euros cette année) et de gérer le reste de son séjour de façon indépendante. Quoiqu’il en soit, participer à un marathon représente toujours un investissement, en temps et en argent. Ce sont de longs mois de rigueur et de sacrifices pour s’astreindre à des séances régulières, parfois dures, dans le seul but de remplir ses objectifs le jour J (faire un chrono ou tout simplement « finir la course ».) Il est donc compréhensible de constater chez certains participants un « accablement » profond que ceux qui n’ont que peu d’affinités avec le sport ne doivent pas juger de but en blanc. La course à pieds est un sport exigeant, difficile, merveilleux, qui offre des expériences de vie intenses à ceux qui s’y adonnent. Certes plusieurs centaines de milliers de new yorkais sont privés d’eau, de chauffage et d’électricité; certes New York semble être une ville maudite par les airs. Cela n’empêche pas toutefois de se mettre à la place de ceux pour qui cette course représentait tant. Aujourd’hui la décision est prise, place à la suite, il faut avancer.

Gestion de crise: transition vers une démarche humanisante

Voyons ce qu’il y a de positif aujourd’hui. Il est certain qu’en 2001, après la chute effrayante des tours du World Trade Center et la mise en scène d’une agressivité si choquante envers les USA, le marathon de New York n’avait pas été annulé. Mais à l’époque, la situation était autre. Tout le monde était dans la peur, dans le deuil, dans la blessure. Le sport a cette vertu d’apporter de l’espoir, de la cohésion, de l’énergie, du bonheur. Il était nécessaire pour la ville de ne pas s’enterrer dans la tristesse et de profiter du levier de renouveau que représentait cette course pour repartir. En ce mois de novembre 2012, une grande partie de la ville de NYC est matériellement sinistrée voire privée d’hébergement, alors que plusieurs dizaines de milliers de coureurs auraient habités de beaux hôtels en vue de vivre leur défi, leur course, leur plaisir. Une telle division pour un passage de la course au coeur même de quartiers sinistrés ne pouvait décemment pas avoir lieu. La gestion de crise opérée par les organisateurs est toutefois positive et va dans le sens des valeurs du sport: avant tout altruiste et non narcissiques. Ainsi, tous les participants ayant réservé plusieurs nuits d’hôtel peuvent en faire le don sur simple appel aux new yorkais sans logement. Qui sait, par ailleurs, si les inscrits déjà sur place ne pourront pas, à leur manière, être mis à contribution de la reconstruction de la ville, le temps d’un court séjour ?

La vie est imprévisible. 50 000 coureurs ne pensaient pas être privés de leur rêve mais des centaines de milliers de new yorkais ne pensaient pas non plus voir tout ce qu’ils possèdent détruit en si peu de temps. L’avenir est au partage et à la mise en commun des volontés de chacun pour toujours construire et reconstruire, peu importe les renoncements que cela implique.

 

Article écrit pour le bulletin mensuel de l’Association des MBA du Québec (AMBAQ) sur le thème » général: « Equipes sportives »;

Les athlètes et le marketing: différentes facettes d’un lien complexe et affectif

Visuel de l’article rédigé pour l’Association des MBA du Québec (AMBAQ) et paru en septembre 2012.

Athlète1 (n.m.) : personne qui pratique un sport.

Marketing2 (n.m.) : Effort d’adaptation des organisations à des marchés concurrentiels, pour influencer en leur faveur le comportement des publics dont elles dépendent.

En cette fin d’été 2012 sonnant le glas des 30èmes jeux olympiques et des 14èmes jeux paralympiques, un retour aux définitions originales des deux termes « athlète » et « marketing » semble nécessaire tant le maillage qui relie les athlètes à leurs fans d’une part et aux marques d’autres part est dense et omniprésent. Les récentes difficultés économiques des pays occidentaux n’ont en rien entamé le budget alloué par les marques au parrainage d’icônes sportives. Au contraire, nos sociétés ont tant besoin de modèles et de repères que les athlètes sont devenus des vecteurs à temps plein de valeurs humaines fortes, bien au-delà de leurs « simples » performances sportives.

Lumière sur une relation efficace mais intransigeante.

Une approche en deux axes

L’analyse des sujets sportifs de cette année associée à un suivi soutenu des réseaux sociaux sur lesquels fusent des vagues de données en temps réel (résultats, débats, prévisions, témoignages, etc.) nous amène à considérer la relation entre les athlètes et le marketing selon deux axes.

Le premier axe consiste à étudier « l’auto-marketing » des athlètes dont le nom peut devenir une marque à part entière si une stratégie rigoureuse d’auto promotion est mise en œuvre.

Le deuxième axe a trait non plus à la gestion de « l’ego » des athlètes en tant que marques personnifiées mais à leur lien avec les entreprises et aux engagements bilatéraux que ces arrangements très cadrés exigent.

Reste à savoir aujourd’hui jusqu’où le sport conserve le sens de ses valeurs et son indépendance dans un contexte surmédiatisé où la rentabilité et l’image sont devenues des nécessités.

1er axe - le marketing de soi, nécessaire dans le parcours d’un athlète

Au cours de leur carrière sportive, les athlètes doivent sans cesse chercher à améliorer leurs performances physiques mais aussi de façon plus générale à « se faire un nom ». Le nom d’un athlète est en effet à lui seul un identifiant, un résumé de sa personne publique et privée, de son talent ou de ses échecs. Un athlète ne peut donc plus se contenter d’exceller si ses résultats ne s’accompagnent pas d’une communication réfléchie, adaptée et bien menée, généralement prise en charge par des agents spécialisés ou directement les proches du sportif. Parmi les leviers de communication utilisés à cet effet on note en premier lieu la dimension visuelle. Les moteurs de recherche permettent une mise à disposition publique d’une multitude de photos d’athlètes toutes aussi impressionnantes qu’émouvantes ce pourquoi tout sportif doit être en mesure d’offrir à sa communauté des visuels percutants (compétition et vie quotidienne). De plus, chaque athlète doit avoir élaboré sa biographie résumant son parcours et ses exploits pour définir une histoire claire, solide et crédible autour de son nom et de son image. Un site Internet sera dès lors une interface avantageuse et garante d’une présence permanente, accessible et mise à jour du sportif tout en fédérant les éléments pré-cités (biographie, clichés professionnels, etc.). Finalement, les réseaux sociaux officiels (page Facebook et compte Twitter essentiellement) représentent un vecteur de communication de plus en plus utilisé par les athlètes pour renforcer leur proximité avec le public, associé à cet avantage essentiel de l’accès en « temps réel » à une information protéiforme (publique, privée, sportive, éthique, etc.).

Notons par exemple le record détenu par le sprinteur Usain Bolt pendant les Jeux 2012 à Londres, non pas uniquement pour son éclat olympique mais pour son nombre d’abonnés (« followers ») Twitter (1 362 960 à l’issue des jeux contre 633 954 lors de la cérémonie d’ouverture) et de citations de son « nom » au cours de la finale du 200m soit plus de 80 000 tweets par minute3 ! Une chose est sûre, entre jeu médiatique et excellence sportive, Bolt a su se faire un « nom » et il le proclame sans rougir :

« Grâce à tous mes vrais fans et aux gens qui croient en moi, je suis désormais assurément une légende vivante ».3

2ème axe - La relation des athlètes aux marques : un contrat exigeant et stratégique

L’image de l’athlète, fruit d’un travail d’auto-promotion conduit avec cohérence et continuité, l’amènera à mieux se faire connaître et aimer, non pas seulement par son public mais aussi par les marques, car le sport est certes le lieu de la performance mais aussi de l’affect.

Homme ou femme hors du commun, l’athlète promeut l’effort, la persévérance, l’endurance, le sacrifice et le dépassement de soi. Quoi de plus constructif pour une marque qui cherche à gagner la confiance de consommateurs toujours plus attentifs à la responsabilité sociale des entreprises dont ils consomment les produits ou les services ? Ainsi, la Banque Royale du Canada a une de fois de plus confirmé son soutien aux athlètes canadiens via son rôle de sponsor officiel des Jeux olympiques et paralympiques 2012. Ceci est sans compter son programme « Athlètes olympiques RBC » consistant à suivre et former les athlètes en vue de leur reconversion future. Une initiative synonyme d’accompagnement sur la durée, de sérieux et de « financeur de rêves » - idéal pour une institution financière4.

De même, la société pharmaceutique Pfizer tente de mettre en avant ses préoccupations éthiques via son engagement auprès de l’équipe paralympique canadienne, nous poussant inévitablement à reconsidérer la notion de performance absolue et au respect de l’humain.4

Les exemples sont nombreux.

Toutefois, le revers de la médaille peut être décevant lorsque la chasse au profit prend le dessus sur les intentions de communication positive auprès du public – les JO peuvent par certains aspects en être l’exemple. En effet, bien qu’il n’y ait plus de logos sur les maillots des joueurs, de publicités au bord des pistes ou des terrains depuis 1985, le site sportif étant « immaculé pour rester universel »5, toutes les zones accueillant les spectateurs sont en contrepartie envahies par les sponsors : « vous ne pouvez boire que du Coca ou de la Heineken, ne retirer de l’argent qu’à des bornes Visa, et ne manger que du Mc Do (…) le village olympique est un centre commercial à la gloire des marques associées aux Jeux, et même les bénévoles n’en peuvent plus5. De même, le n°2 mondial du 100m et du 200m Yohan Blake a généré l’ouverture d’une enquête par le CIO (Comité International Olympique) pour avoir porté une montre de son commanditaire officiel alors qu’une autre marque de montre était partenaire de la compétition, symptôme des excès du marketing sportif.5

 

In fine, le marketing pour les athlètes : une source ambigüe de revenus, de soutien et de polémiques ?

Quelle liberté reste-t-il alors aux athlètes lorsque le chiffre d’affaires d’une marque est en jeu ? Cette question mérite d’être étudiée au cas par cas tant la nature des tandems athlètes/marques diffère d’un contrat à l’autre et selon les sports (pouvoir de négociation très inégalement réparti). En effet, certains athlètes sont contraints de gérer leur recherche de sponsors comme un métier à part entière alors que d’autres ont des revenus annuels estimés à plusieurs millions d’Euros.6 De plus, le marketing n’est pas qu’une affaire d’ingratitude auprès des sportifs qui en dépendent pour vivre leur rêve. Si les marques se révèlent parfois intransigeantes avec leurs athlètes, elles savent aussi les soutenir fermement en cas de coup dur. Ainsi la marque Nike a-t-elle choisi de continuer à soutenir Lance Armstrong et sa fondation « Live Strong » de lutte contre le cancer, malgré sa radiation à vie par l’Agence américaine antidopage (Usada) au même titre qu’elle avait maintenu son soutien à Tiger Woods après le scandale né de la révélation de ses aventures extraconjugales.­7

Sources:

1. http://www.larousse.fr

2. http://www.mercator-publicitor.fr/lexique-marketing-definition-marketing

3. http://www.scoop.it/t/cdusport

4. https://www.paralympic.ca/fr/Partenaires-et-commanditaires/Partners-and-Sponsors.html

5. http://www.slate.fr/life/60437/sponsoring-jo

6. http://www.lefigaro.fr/sport-business/2012/07/27/20006-20120727ARTFIG00374-les-athletes-inegaux-pour-financer-leurs-jeux-olympiques.php

7. http://www.liberation.fr/depeches/2012/08/25/dopage-amstrong-dechu-de-ses-7-tours-radie-a-vie-veut-quand-meme-courir_841766

 
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