En 2012, j’ai commencé à courir. Courir m’a donné envie d’écrire. Ou plutôt non: j’ai toujours eu envie d’écrire. Courir a libéré mon envie et m’a aidée à la concrétiser. Ce blog Hotsteppers était né. Pour mes 34 ans, je me suis offert une MasterClass d’écriture avec Eric Emmanuel Schmitt. Au delà des récits et du monde sportifs, ce sont de véritables histoires (courtes) que j’écris chaque semaine au gré de mes découvertes. Parce que le sport n’a jamais été une fin en soi sur ce blog mais plus une manière d’ouvrir toutes sortes de portes, voici une toute nouvelle rubrique dédiée aux histoires que j’aime raconter et coucher sur l’écran. J’espère que vous aimerez les lire autant que j’ai aimé les écrire. Ce sont pour l’heure des exercices mais j’espère un jour arriver à l’étape concrète du roman: il FAUT rêver !
La consigne: « Description » – Ecrivez une demi-page qui soit la description d’un lieu que vous ne nommerez pas par les termes habituels qui lui correspondent (ex : décrire la Tour Eiffel sans utiliser les mots comme tour, Eiffel, paris etc)
Les pieds nus sur un sol doré, rugueux et fluide à la fois, je marchais. Chacun de mes pas laissait son empreinte, souple et originale, rapidement effacée par la brise du lever du jour. C’était comme si les éléments s’associaient pour me signaler avec délicatesse que je n’étais que de passage, que ma présence était éphémère.
J’étais pourtant la bienvenue. Je le sentais. L’air était doux, les 1ers rayons de soleil caressaient mes bras nus. Le léger vent me poussait subtilement dans le sens de ma traversée. Je ne ressentais aucune résistance.
Après une nuit courte et agitée, j’étais sortie de mon bungalow, errante, pensant noyer ma solitude dans les lueurs émergentes du jour. Je m’attendais à frissonner, à entendre toutes sortes de bruits tonitruants, typiques des nuits des pays chauds de l’hémisphère Sud. Je pensais retrouver au bord de l’eau toute l’hostilité que j’avais au fond de moi. Je l’avais cherchée même, comme pour me faire écho. Mieux valait-il être accompagnée dans ses ombres, pensais-je avec la certitude sombre des gens tristes.
Les moindres recoins de cette longue plage immaculée à peine connue de l’homme m’avaient pourtant ouvert leur porte autant que la voie.
J’étais enfermée et elle m’avait ouvert le cœur. J’avais froid et elle avait fait couler une vague de chaleur dans chacun de mes membres, lentement, délicatement, progressivement. J’avais les yeux rivés sur mon mal intérieur et elle me les avait ouverts, m’invitant avec une bienveillance divine à regarder d’abord autour de moi puis vers l’infini.
Ses vagues avaient chatouillé mes pieds et laissé entendre des rires camouflés dans le son harmonieux de ses clapotis. Ses habitants multicolores fusaient dans son ciel, sur ses terres comme dans ses eaux.
Il y a quelques heures encore, dans la pénombre et loin d’elle, j’étais sûre de n’être rien. Désormais à son contact je n’étais sûre de rien, sinon qu’elle était tout.
Ma plage de Pralin, aux Seychelles