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Drôle de sujet. Je ne pensais pas y revenir un jour…et pourtant. Il y eut un premier flashback hier, un petit. Puis un deuxième juste après, un gros. Ces deux flashbacks faisant, le passé est revenu en trombes et l’idée est née ou plutôt, a refait surface dans mon esprit. J’eus du mal à l’accepter mais les évènements étant là pour me le rappeler à deux reprises, je dû m’y résoudre et admettre qu’avant, je détestais le sport…

 

Premier flashback…au travail

Fin de journée, break, les langues se délient. Une toute récente collègue de travail engage la discussion sur « le sport » ; sur ses envies de s’y (re)mettre, « mais bon… », rajoute-t-elle. Le fameux « mais-bon » de tous ceux qui regardent avec un mélange d’envie et d’incompréhension totale ces tribus grandissantes de coureurs revenir d’une sortie sous la pluie ou dans le froid, le sourire aux lèvres. (Non mais Allo.) Le « mais bon » évoquant toutes les contraintes qui font que l’on ne s’y met pas. Le « mais bon » voulant dire que l’on aimerait bien mais que le déclic n’est pas là. En effet, c’est tentant, « mais bon »… Elle me demande alors depuis combien de temps je cours. Je réfléchis rapidement et réplique… « Odysséa 2011, un peu plus de 2 ans donc. » Étonnée, elle me répond spontanément qu’elle me croyait runneuse invétérée « depuis toujours ».

Ah bon, mais quelle idée…depuis toujours ? Non, certainement pas ! Il y a 3 ans à peine je détestais courir et il y a 10 ans…je détestais le sport tout court.

Premier flashback, première amorce de réminiscence…Étrange.

 

Deuxième flashback…des retrouvailles familiales inédites

 

Quelques heures plus tard, je retrouve comme prévu une partie de ma chère famille américaine exceptionnellement en France pour quelques jours. Une partie de famille que je ne vois malheureusement que bien trop rarement. A vrai dire, cela fait 13 ans que nous ne nous sommes pas vus en chair et en os, 13 ans. J’avais 16 ans… Alors que je me prépare à les retrouver, je me sens un peu mitigée à l’intérieur. Cette crainte un peu stérile de ne pas avoir le temps d’expliquer tout ce qui a pu se passer en 13 ans, ou encore celle de ne plus se reconnaître ? Je descends les escaliers de chez moi, ils sont là, dans le salon. Merveille, en un clin d’œil je sens que rien n’a changé, je les retrouve comme en 2000. Nous échangeons avec autant de chaleur que les journées sont froides ces temps-ci, nous nous lançons des « my dear, comment vas-tu, i wanna know everything, où en es-tu, tell us ! ». Comme j’aime l’anglais…l’américain même. Bref, très vite et très naturellement j’évoque mes implications assez récentes (à l’échelle de mes 29 ans) dans le sport. Mes tantes lèvent les bras et débordent d’exclamations en tous genres ! « You, my dear ? You’re into sports ?! Wow.. » Sur le coup je suis surprise, j’ai envie de dire : « et bien, oui…évidemment, quelle question ! »…et puis je me rappelle… « 13 ans Marie, cela fait 13 ans qu’elles ne t’ont pas vue… ».

A l’époque de nos dernières vacances communes au Texas (2000), j’étais scotchée alternativement devant les TV Shows américains ou mon PC, invariablement munie d’un muffin ou d’un donut, si possible très calorique. Je détestais profondément bouger. Marcher à la rigueur. Courir ? What the f… ??

Alors ma tante négociait et nous trouvions des arrangements. En dessous de 2 miles je devais venir marcher avec eux ; au dessus de 2 miles j’avais le droit de rester. A chaque fois je priais pour que le circuit soit long, très long, donc pas pour moi. Et dire que nous avons passé une quinzaine de jours dans les merveilleuses montagnes du Colorado ; quinzaine pendant laquelle la perspective de marcher en forêt relevait du supplice et récoltait l’intégralité de mon désintérêt…

Elles me rappelaient toutes ces choses que j’avais profondément enfouies et savamment oubliées. Elles me remémoraient avec douceur et bienveillance l’adolescente gourmande et paresseuse que j’étais ; pas blasée non, mais…adolescente !

Après les avoir écoutées je me devais de les mettre à jour, de leur expliquer…Alors je leur racontais ma découverte du sport juste après le bac. Des débuts en karaté il y a 10 ans, du tennis et du squash, puis une longue épopée de danses multiples suivies de nombreuses heures de fitness au Canada et enfin…la course à pied – beaucoup plus récente.

En effet, pour rentrer dans l’armée française : pire erreur d’orientation que j’aie pu commettre de toute mon existence mais qui m’aura malgré tout apporté un certain nombre de choses, je devais passer l’épreuve du 3000m pour la Gendarmerie et le Luc Léger pour l’armée de l’Air et l’armée de Terre. Quelle ne fut pas alors mon désespoir de devoir mettre un pied devant l’autre et répéter indéfiniment ce mouvement, qui plus est rapidement, si possible.

Débuter la course à pied…je me souviens !

Mon 1er réflexe fut de m’acheter une montre GPS. Déjà que mon intérêt pour la discipline était en dessous du niveau de la mer ; je ne risquais pas de trouver une quelconque motivation au fin fond de mon petit être paresseux. Il me fallait une aide extérieure, qui a bien marché d’ailleurs. J’ai commencé par le commencement. Apoplexie au bout d’1km puis de 2, puis de 3. Je ne dépassais pas les 3km. Le recrutement se faisait sur cette distance, je n’allais pas non plus en faire plus ! (#nonmaisoh !) Malgré tout je m’améliorais, mais surtout, je commençais à trouver ce grand sketch jadis grotesque, relativement intéressant. Les épreuves sportives de l’armée arrivaient: bingo, je faisais partie des dernières femmes à lâcher au Luc Léger, récoltant la remarque d’un adjudant un peu sévère : « vous n’auriez pas du vous arrêter, vous en aviez encore sous la semelle ». On ne répond pas à un militaire comme ça mais malgré mon sourire à peu près poli je mourais d’envie de lui dire « oh, je suis au bord de la mort là ; ça se voit pas ? ». Visiblement non. Après l’épreuve de course vinrent ensuite les suspensions pour les femmes (tractions pour les hommes) puis le parcours d’obstacles. J’y prenais goût. ..

Figurez-vous qu’in fine je suis rentrée dans l’armée de l’air, finissant mes « classes » à Salon de Provence majore de promotion en Formation initiale et 3ème de promo en Formation de l’officier. Le sport n’était pas la seule discipline, fort heureusement. C’est d’ailleurs la course à pied qui m’a fait perdre 2 places à la « deuxième mi-temps » ! Les deux premiers du classement étant des Dieux du fractionné, des amoureux du bitume, des fous de la piste, des adeptes du « je vomis après avoir franchi la ligne d’arrivée et je le vis bien». Moi pas vraiment. Toujours ce mélange de dilettante freestyle et de surpassement hyper exigeant. Un cocktail bourré de paradoxes voir antinomique mais bien réel pourtant. Là aussi, le jour de l’évaluation finale, le coach me glissait un terrible : « tu aurais pu faire mieux ». [Je déteste cette phrase].

 

Tout cela pour ça…

Finalement, toutes ces dernières années, à force d’avancer, à force d’avoir des déclics, à force de vouloir faire mes preuves, de vouloir expérimenter, ressentir, me fixer des objectifs, les surpasser – j’ai parcouru un certain nombre de disciplines sportives. Parfois pour de mauvaises raisons, perdant beaucoup trop de poids mais souvent pour de bonnes raison, retrouvant ainsi une vraie forme (et de vraies formes!)

Cette forme qui ne correspond pas à une norme ou à un idéal de performance mais à ce qui nous convient le mieux et pas seulement dans l’instant présent, sur la durée également.

Intégrer du sport à sa vie, c’est comme prendre conscience qu’on ne peut donner n’importe quoi à son corps et qu’il mérite des aliments sains. C’est comme réaliser qu’en dormant mal et trop peu, on peut difficilement trouver une balance émotionnelle satisfaisante ou une forme physique durable. C’est comme reconnaître qu’en étant proche de ceux qu’on aime, on est souvent mieux que seul dans sa bulle avec ses fantasmes. C’est comme redonner du temps au temps et décélérer le flux des infos et des événements souvent assommants d’une société systématiquement pressée. C’est une prise de conscience, une envie qui naît, un jour, à tout âge. Ça n’est jamais une fin en soi ni une réalisation mais un nouveau départ.

C’est une porte qui s’ouvre sur un chemin neuf…

Il y a ceux qui font des performances chronométriques hors-normes; il y a ceux qui pour courir, dépassent des contraintes quotidiennes; ceux qui mènent de front famille, enfants, boulot et qui continuent de persévérer dans la course; ceux qui ont structuré une période de recherche d’emploi souvent bien vide, avec des séances régulières de running; il y a de nombreux cas de figure en fait, de nombreux profils, de nombreuses histoires personnelles. S’il est bien difficile de répondre à l’énervante question du quidam: « pourquoi/après quoi cours-tu?« , il est certain qu’il existe chez « tous ces runners« , un point commun: celui de vouloir avancer, approfondir, mieux se connaître, expérimenter, vivre …en fait. C’est pourquoi j’aime donner la parole à des coureurs de tous niveaux, mais surtout à ceux qui ont une histoire à raconter, bien au delà de leur palmarès. Je n’ai aucun critère pour cette rubrique si ce n’est de laisser le destin opérer. Dernièrement, le destin m’a permis d’échanger avec Erwan et aujourd’hui, c’est à vous qu’il s’adresse.

 

Erwan, 38 ans - Lyon - 3 sorties en moyenne/semaine

Temps de référence:

10km : 45’40”
Semi : pas de référence, seulement un 18 km trail avec 650 D+ en 1H44 (très difficile)
Marathon : 3h31 (Lyon 2013)

Erwan, où vis-tu, que fais-tu dans la vie ?

Je gère la partie bureau d’études dans une entreprise d’aménagements extérieurs, espaces verts et terrains de sports.

Depuis quand cours-tu ?

Un peu plus d’un an.

Qu’est ce qui t’as fait passer à un rythme de runner régulier, y a-t-il eu un déclic ?

Je me suis fixé comme objectif durant l’été 2012, de faire un marathon avant d’avoir 40 ans !

Cet objectif est arrivé suite à une période de grosses difficultés familiales et psychologiques, en regardant les jeux olympiques de Londres, et précisément l’épreuve de Marathon féminine.

Je pense que ce qui m’a le plus marqué, c’est de voir une concurrente s’écrouler, à bout de forces, car elle avait tout donné pour cette course, dans ce contexte des JO.

Combien de fois cours-tu par semaine ? Fais-tu d’autres sports en complément ?

En général 2 à 3 fois par semaine, mais lors de la phase de préparation du marathon, c’était plutôt 4 fois.

Je jouais au basket avant de courir, mais je ne pouvais pas tout cumuler. Depuis j’ai arrêté, sauf quand mon petit frère me demande de lui expliquer …

Es-tu plutôt feeling ou plutôt performance ?

Je suis plutôt feeling.

Durant la phase d’entrainement, je tenais le plan que je m’étais fixé, mais souvent en étant plus rapide (ou plus lent) selon l’état de forme du moment.

Plutôt pratique individuelle ou pratique collective ?

Pratique individuelle pour pouvoir concilier les impératifs familiaux et professionnels. Je me retrouve souvent à courir très tôt le matin, ou tard le soir.

Par contre j’apprécie beaucoup les séances de groupe : running by LEPAPE par exemple à Lyon (les lundi soir) ou avec des collègues de bureau les jeudi midi.

Plutôt branchée tenue de running fashion ou look totalement nature ?

J’ai surtout besoin de confort et de d’efficacité à travers les vêtements que je porte. Je dirais que le look vient dans un deuxième temps.

Plutôt nutrition sportive adaptée ou improvisation ?

Je fais toujours attention à ce que je mange sur les derniers jours avant la course. Idem pour les boissons (alcool surtout…)

Par contre, le reste du temps, c’est souvent sandwich le midi, et fond de frigo le soir, malheureusement.

Quel est ton programme de course pour les mois à venir ?

J’ai prévu un 10 km ce week-end, en toute décontraction 2 semaines après le marathon, mais aussi pour essayer de profiter de l’état de forme et voir ce que ça peut donner.

Je ferai le semi marathon du Beaujolais le 23 novembre.

La suite n’est pas encore planifiée. Je souhaite m’orienter sur quelques trail, puis d’autres marathons.

Quel objectif/rêve sportif caresses-tu secrètement ?

Mon rêve est de courir le marathon de New York. Peut être avant mes 40 ans ? …

Qu’est-ce qui est le plus difficile pour toi dans la course à pieds ?

C’est souvent le moment ou on se dit : « il faut que j’y aille ! » alors qu’après une monstrueuse journée de boulot, tout nous pousse à nous recroqueviller, bien au chaud à la maison, devant la télé. Il faut trouver le courage de se changer et de sortir.

Qu’est-ce que la course à pieds t’apporte de plus fort, de plus intense, de plus bénéfique ?

C’est la sérénité et l’impression physique de flotter au dessus de tout quand on rentre d’une bonne sortie.

Ça me permet de me vider la tête, de réfléchir et de poser beaucoup de choses, de relativiser. L’effet n’est pas seulement physique.

Qu’est ce qui te plait le plus chez une runneuse ?

Ses jambes…

Quel sportif admires-tu particulièrement et pourquoi ?

Michael JORDAN.

Une icône. Une star exceptionnelle qui est toujours restée accessible, humaine.

J’admire chez lui sa volonté, son courage, sa capacité à toujours pouvoir et vouloir se dépasser.

Dans son jeu, il a toujours eu un style très aérien, une grâce et une fluidité exceptionnelles. Ce n’est pas pour rien que de nombreuses images de lui ont été montées sur des bandes son, style musique classique.

As-tu un rituel avant chaque course ?

Non.

Mais je cours souvent avec une photo (et toujours la même) de mes enfants scotchée à l’intérieur de mon dossard

Quelle est la dernière chose importante qu’une expérience de course à pieds (entrainement, rencontre ou compétition) t’a révélé sur toi-même ?

Qu’il faut savoir rester humble, mais que le corps à des limites que l’on ne connait pas, et donc, qu’il ne faut jamais se sous estimer.

On est tous capables de faire de grandes choses. Il suffit souvent d’avoir la bonne recette et de le vouloir.

Quelle runner aimerais-tu être dans 10 ans ?

J’aimerai être quelqu’un qui donne envie. J’aimerai partager ça avec mes enfants et que ça les amène aussi à se sentir plus forts, plus sereins.

Quel dernier message as-tu envie de transmettre à ceux qui te lisent en ce moment même ?

Pas très original mais : faites vous plaisir, prenez du plaisir et partagez le !

Un grand merci à toi Erwan…Ravie que nous ayons pu échanger au détour d’un post FB puis que cet échange ait abouti à cet article, ouvert à tous ! Tes réponses sont riches et révèlent une expérience de vie intéressante. Un point commun chez de nombreux runners, n’est-ce pas ?! Bonne route sur le chemin initiatique du running…


Un interview pas comme les autres pour un runner pas comme les autres…

Harry Bignon, speaker sportif depuis 2001, professionnel depuis 2006 et plus récemment à son compte, possède à son actif un sacré nombre d’épreuves de running toutes distances qu’il aura commentées sans relâche du début à la fin. Un métier « secondaire » pour Harry qui, le reste du temps, est ingénieur dans le domaine bancaire. Secondaire certes mais une véritable passion néanmoins. Harry n’est par ailleurs pas seulement un speaker mais aussi un ancien grand sportif aujourd’hui voué à l’entraînement d’athlètes au niveau international. Les présentations étant faites, laissons la voix ou plutôt cette fois…la plume, à celui qui manie le micro et les feuilles de résultats avec aisance, sur un podium ou sur une moto balai, avec ou sans bonnet de père-noël (adaptation au décor obligeant !), sous la pluie , la neige ou le soleil, du premier coureur à franchir le finish au dernier…

L’interviewer interviewé: Harry, à toi !

Harry, qu’est-ce qui peut donner envie un jour de vouloir prendre un micro pendant plusieurs heures pour : introduire une course avant même que le coup de pistolet n’ait été déclenché, stimuler les coureurs, les conseiller, suivre le plateau d’élites sur sa trajectoire, les interroger dès l’arrivée, continuer à encourager ceux qui arriveront plus tard en ayant tout donné, animer la remise des prix, conclure, etc. ?

Ce qui motive, c’est qu’un jour, alors que l’on pratique son sport de façon intense, à raison de 5 entraînements par semaine, avec des objectifs sur des championnats pour obtenir des titres (champion Ile de France Junior de course sur route - 10km, 15km et semi-marathon en 1998, plusieurs titres départementaux sur 10km, 10 000m piste, durée piste, semi-marathon et course nature) on se retrouve relégué à un banc de touche pour des problèmes de santé. Alors quand on est passionné par le sport comme je le suis, on trouve une nouvelle motivation pour être au contact de ce que l’on aime vivre.

Il faut de l’énergie, de l’inspiration, la connaissance des athlètes élites présents à chaque course, etc. pour animer une compétition. Chaque course te demande-t-elle une préparation spécifique ?

Oui, chaque course nécessite une préparation. Je recherche l’historique de la course, je vais sur le site ou contacte l’organisateur pour obtenir les informations à mettre en avant (sponsors, invités, élus …). J’essaie d’obtenir les listings d’inscrits pour chercher les favoris et si la course fait partie d’un challenge, j’essaie d’obtenir les informations pour faire un point sur le challenge. Généralement je passe plusieurs heures de préparation. Pour un commentaire le dimanche, la préparation va débuter le Jeudi généralement et je vais faire ce travail de préparation le soir après mon métier principal et la fin de la préparation se fait au cours de la journée du samedi.

Trouves-tu qu’il y ait des animations qui soient plus réussies que d’autres ? Si oui, est-ce généralement lié à la course en elle même ? à ton feeling ? à des imprévus ?

Si tu étais face à moi pour cette interview tu pourrais écrire « sourire et silence avant de répondre ». Car la réponse est « oui » ! Parfois je m’en veux, je me dis « olala je n’ai pas été bon aujourd’hui » ou « rrrr ça n’a pas été comme j’avais prévu ». La réussite d’une animation est liée à plein de chose : tout d’abord moi, bien entendu, l’état d’esprit, la fatigue peuvent jouer sur ma concentration. La météo a son importance, la pluie gâche toujours un peu la fête. L’humeur et l’ambition des coureurs comptent aussi beaucoup. Parfois quand je tente de faire le show avec vous je prends des blancs car ce jour-là, les conditions ne s’y prêtent pas. Les choix imposés par l’organisateurs, peuvent également, dans le déroulé de l’épreuve, faire que l’animation est plus difficile à assurer. La sonorisation: si le son n’est pas bon, la qualité de restitution n’est pas bonne pour vous. Bref, cela fait plein d’anecdotes à raconter sur des imprévus (et là, si tu veux faire des interviews régulières, nous pourrions la nommer l’anecdote du mois du speaker ! )

Cela tombe bien ! Aurais-tu à ce sujet une anecdote à nous raconter au sujet d’un imprévu mémorable qui serait survenu lors de l’une de tes animations ?!

Imprévu mémorable, le pire du pire pour moi et qui m’est arrivé à 3 reprises: des animations au porte-voix …! Je me sens ridicule… et à chaque fois, je dis à l’organisateur qui me fait ce coup-là: « plus jamais ça! ». C’est la honte pour eux comme pour moi !

T’arrives-t-il de manquer d’inspiration au micro ?!

Non jamais et puis j’aime mettre des pauses musicales dans mon animation, donc ça change le rythme aussi. Tu sais une animation ça passe très vite.

Quelle est la course que tu n’as encore jamais animée et qui aujourd’hui te donne envie ?

C’est une question compliquée pour moi, car je ne sais pas, il y en a plein et il n’y en pas en même temps. J’aime celles que j’anime et je suis déjà heureux de tout ce que j’anime, je ne pensais vraiment pas un jour avoir la chance d’être sur autant de beaux évènements. Parfois je dis à Michel HORTALA (mon ami Speaker) que le jour où il prend sa retraite moi je veux bien faire le VIADUC DE MILLAU ! Ça me parait magique ! J’ai envie de magie, soit par la beauté d’un lieu, ou par l’échange humain comme pour LA SENEGAZELLE. Tu vois, je voudrais vivre un truc qui me marque, que je ne ferai pas tous les jours et à l’issue duquel je pourrais dire: « YES celle-là je l’ai animée un jour » !

Selon toi, quel sont les 3 objectifs qu’un speaker sportif devrait remplir lors d’une animation ?

1. Mettre en avant les coureurs, car il faut avoir le respect de vous tous (du premier au dernier) dans l’effort.

2. Mettre en avant les organisateurs et les bénévoles car c’est un travail monstrueux, les sportifs ne se rendent pas toujours compte du travail et de l’énergie que ça demande et pourtant ça force le respect

3. Provoquer le plaisir, le sourire, et la fierté des athlètes par l’ambiance, par la citation du prénom de la personne à l’arrivée. Car la course à pied est notre loisir, mot qui doit rimer avec plaisir.

Tu animes des courses depuis 12 ans maintenant, comment vois-tu « la suite » ? Comment un speaker évolue-t-il au fil des années: un volume d’animations plus important ? Des styles de courses différents ? De nouveaux concepts d’animations ?

L’aventure je la vis au fur et à mesure. Tu sais c’est un métier complexe en fait, aujourd’hui j’ai la chance de plaire dans mon style d’animation, mais demain qui sait un autre va peut-être arriver dans un nouveau style et révolutionner le monde de l’animation? Tu m’aurais posé la même question il y a quelques années, je ne me serai pas imaginé à la place que j’occupe à présent. Alors je profite du moment présent, je prends avec plaisir la chance d’exercer ce métier et je me donne à fond pour ne rien regretter. Tu sais j’ai révolutionné certains aspects de l’animation. Quand j’ai débuté, il y avait des cibistes uniquement sur certaines courses, et nous n’avions pas forcément des informations pendant la course. J’ai mis en place des moyens de me contacter par téléphone pour les bénévoles afin d’avoir des informations sur les dossards en tête de course. Puis nous sommes venus avec les directs de courses: j’étais l’un des 1er sur les motos pour assurer ces directs. Ayant également animé des matchs de hand, j’ai découvert la notion du « show » en animation. Cela n’existait pas trop sur les épreuves d’athlétisme, les speakers étaient plus protocolaires. Je l’ai tenté et ça a pris.

En ce qui concerne l’animation de courses un peu « différentes », oui, pourquoi pas. J’aime les nouveaux concepts Crazy Jog, Frappadingues, etc. En revanche, pas de changement souhaité en termes de volume d’animations. Entre mon métier à temps plein et mon métier d’animateur qui m’occupe déjà sur 35 prestations soit 35 week-ends sur 52, je tiens aussi à préserver ma vie privée !

Quelle relation as-tu avec le sport en dehors des animations ? Comment « vis-tu » le sport « hors courses » ?

Je vis ma relation avec le sport en dehors de mes animations via :

Ma pratique : j’aime faire du sport, courir, badminton, natation, planche à voile, ski. Bref dès que je peux je pratique, mais malheureusement je ne trouve pas toujours le temps.

L’encadrement et l’échange : je suis toujours entraîneur sur plan d’entrainement privé pour une dizaine d’athlètes, je leur fait profiter de mes conseils et de ma connaissance de la pratique de la course à pied quel que soit le niveau.

Le suivi : j’adore regarder le sport à la télé : handball, tennis, cyclisme, biathlon, natation. Je suis parfois fou derrière mon écran pour un champion ou une équipe ! Ma femme me dit même « hey, tu n’es pas au commentaire aujourd’hui !»

As-tu, au fil des années, fini par voir et revoir les mêmes personnes régulièrement sur des courses ? Y a-t-il un lien qui se crée entre un speaker et la communauté des runners ? Les gens n’entendent-ils pas plus souvent ta voix qu’ils ne te voient vraiment ?

Oui, tu as des personnes que tu sais que tu vas voir sur tel évènement. Mais pour certains d’entre eux, ce sera seulement sur une course par an, car ils viennent de loin pour faire que cette course-là.

Les liens sont difficiles à créer en fait, parce que tel que tu le dis dans ta question les personnes m’entendent et ne me voient pas forcément et vice versa, je suis concentré sur ma prestation et je ne vois pas toujours les personnes que je connais et qui passent près de moi.

[Anecdote] : Je loupe fréquemment l’arrivée de ma femme, je ne la vois pas forcément passer la ligne d’arrivée !

Et toi Marie tu es un bel exemple aussi, on se connait bien toi et moi car nous échangeons par écrit sur Facebook, mais on se parle peu sur les évènements par ce que tu n’oses pas toujours venir me saluer, pourtant ça me ferait plaisir de vous saluer tous individuellement.

C’est pour ça aussi que j’aime ces communautés de runners naissantes, comme ton blog Hotsteppers, car ça me permet de devenir plus proche de vous, de vous inviter à venir me saluer sur les courses. La prochaine fois, ce sera un immense plaisir ! C’est pour ça aussi que je vous invite à m’ajouter à vos amis sur Facebook ! Avant une course je publie souvent un petit mot pour savoir qui sera présent et qui je peux avoir la chance de voir le jour J.

Toi qui vois tellement de profils de runners différents, tellement de visages différents, tellement d’individus chacun prêts à affronter une distance avec ses propres forces et limites…au vu de tout cela, qui y a-t-il de plus beau pour toi dans le running, peu importe le niveau ?

D’aller au bout de son effort, dans la performance de vitesse pour les plus rapides, dans l’endurance pour les derniers. Vous forcez tous mon respect, vous les coureurs, car aller vite nécessite une grosse préparation mais courir longtemps et donc avoir de l’endurance nécessite une grosse préparation aussi.

Alors, je présente les premiers car leur vitesse m’impressionne. Mais je vous attends et vous présente aussi jusqu’au dernier, car l’endurance et le courage du dernier m’impressionnent tout autant.

Tu vois, l’exemple même de l’homme qui force mon plus grand respect, que j’attends toujours sur les épreuves, et qui, je sais, sera le dernier, est Valerio PUCCHIANTI. (Si tu étais en face moi tu verrais les larmes arriver dans mes yeux et l’émotion me gagner). Ce mec a 90 ans il court encore et encore. Il met 1h30 pour faire son 10km, mais il est là et s’accroche et se bat ! Moi qui n’ai pas eu la chance de connaitre mes grands-parents très longtemps, et bien cet athlète… c’est un peu mon grand-père à moi

Quelle sont tes résolutions pour 2013 ?!

Reprendre le sport de façon très régulière ! Car « YES » j’ai changé d’emploi depuis le 1er décembre, et je devrais disposer de meilleures conditions pour pratiquer à nouveau très régulièrement.

Tu sais que j’ai encore une ambition, j’aimerais réussir à refaire 34’ sur 10km (à 33 ans j’espère que ce n’est pas encore trop tard !)

You’ll make it Harry ! Un grand merci pour cette prise de plume sincère et ce partage enrichissant. Les Hotsteppers te souhaitent le meilleur et seront ravis de connaître ta participation aux différentes courses de notre calendrier d’évènements (sur le calendrier de ce blog: lien ici ou sur son équivalent Facebook : lien ici) pour savoir quand te retrouver !

Avant de rentrer dans le vif de l’interview…

Aujourd’hui, l’esprit du blog Hotsteppers s’exprime dans toute sa splendeur. En effet, ce site a beau être « la zone lounge des fans de running », le sport en général est une fois de plus mis à l’honneur.

Tout d’abord parceque l’esprit Hotsteppers c’est l’esprit « anti-cloisons » : on aime le running, on le pratique, on participe à des évènements et on pioche des conseils pour progresser et se faire du bien mais on sait aussi tirer le meilleur d’autres sports pour avancer et découvrir des horizons et des sensations encore plus vastes.

Aussi parceque la notion de performance est centrale dans ce blog. Centrale car relative. Qu’est-ce que la performance ? Se battre contre l’autre ? Se battre contre soi ? Dépasser ses limites ? Dépasser ses croyances ? Un peu de tout ça ?

Vous conviendrez que ce terme n’a pas de signification unique. Je vous renvoie à l’article : « Confiance et acuité psychologique : les armes du sprinteur » où le nageur américain Gary Hall à qui l’on avait peu de temps avant diagnostiqué un diabète, décrit sa joie, à la 2ème place du podium, malgré le commentaire provocateur et insensé du n°1 : « T’as encore perdu » - tentant de marquer par là une forme d’échec.

Perdu ? Echec ? Gary Hall avait tout gagné ce jour là.

Dans cette optique et en parfaite cohérence avec les valeurs Hotsteppers: envie, efforts, plaisir, équilibre, respect, découvrons aujourd’hui Sarah Mailhot, athlète paralympique canadienne de 22 ans, étudiante en traduction à l’Université Laval de Québec, qualifiée pour les Jeux 2012 à Londres et prête à défendre haut et fort les valeurs du sport.

Face à face, tête à tête, cœur à cœur avec Sarah

Bonjour Sarah, merci beaucoup de partager ton expérience et ta vision du sport avec l’ensemble des Hotsteppers ! Nous sommes heureux de vivre cet échange. Peux-tu nous dire en quelques mots, « qui est Sarah Mailhot » ?!

Je suis une fille spontanée et vraiment passionnée, j’adore ce que je fais et je ne changerai ma vie pour rien au monde!

Parle-nous de ton handicap, de son origine, de ce qu’il implique comme aménagements dans ta vie et comme contraintes dans ta pratique de la natation.

Je suis atteinte du spina-bifida, une malformation de la moelle épinière qui se développe au cours des premiers mois de la grossesse. Il y a plusieurs types de spina-bifida, et chacun possède plusieurs degrés d’atteinte. Dans mon cas, il s’agit du spina-bifida myélo-méningocèle, qui est le pire des types. Cependant, comme la lésion est au bas de ma colonne vertébrale, je suis tout de même capable de marcher et de fonctionner à peu près normalement. Mes jambes sont partiellement paralysées au niveau des mollets et des pieds, ce qui entraîne une certaine difficulté à la marche, mais je peux tout de même me déplacer sans fauteuil roulant ou béquilles. Lorsque je nage, je n’utilise pas mes jambes, je n’utilise que mes bras et mon tronc.

Depuis quand nages-tu et quel est ton rythme d’entraînement ?

Ça fait maintenant 10 ans que je nage. Dans les périodes d’entraînement les plus intenses, je nage 9 fois par semaine et je vais 3 fois en conditionnement physique. Lorsque l’horaire est un peu plus léger, je nage tout de même au moins 6 fois tout en continuant le conditionnement physique 1 ou 2 fois par semaine.

Pourquoi la natation d’ailleurs ?

J’ai toujours adoré l’eau. Que je sois assise au bord d’un lac, à bord d’un bateau ou dans une piscine, je me sens dans mon élément. C’est aussi le premier sport adapté que j’ai essayé, et c’est là que j’ai eu la piqûre pour le sport. J’ai aussi fait de la course en fauteuil roulant pendant 5 ans et du ski de fond para-nordique pendant 3 ans, mais j’ai tout arrêté en 2009 lorsque j’ai eu la chance d’être choisie dans l’équipe nationale de natation. Il est possible que je recommence à m’entraîner dans ces sports lorsque ma carrière de nageuse sera terminée, mais pour l’instant je me concentre sur la natation.

A quelles compétitions majeures as-tu déjà participé et quel a été ton cheminement jusqu’à la qualification pour les Jeux paralympiques 2012 à Londres ?

J’ai commencé à participer à des compétitions internationales en 2009, je faisais partie de l’équipe canadienne aux championnats du monde IPC (NDLR: « International Paralympic Committee ») en petit bassin à Rio de Janeiro. J’ai aussi participé aux championnats du monde IPC en grand bassin à Eindhoven en 2010 et aux championnats para pan-pacifique à Edmonton en 2011.

Qu’attends-tu de toi-même pendant ces Jeux ?

J’espère réussir à battre mes temps dans toutes mes épreuves, et idéalement j’aimerais réussir à entrer dans la finale du 400m libre. Par contre je ne veux pas me mettre trop de pression, je serai satisfaite si je réussis à baisser mon temps sans entrer en finale. Je veux surtout prendre de l’expérience et m’amuser.

Quelle est ta vision du sport : qu’est-ce que le sport apporte dans une vie, selon toi ?

Pour moi le sport est une priorité. Je n’ai pas hésité à étaler mes études pour accommoder mon horaire d’entraînement et si je dois manquer des cours pour participer à une compétition, je prends des arrangements pour être sûre de pouvoir y aller. Le sport m’a permis de vivre les moments les plus beaux et les plus intenses de ma vie tout en me permettant d’être en forme et de découvrir une partie de moi que je ne connaissais pas. Depuis que je nage, je suis beaucoup moins timide, je vis des expériences extraordinaires, je voyage partout dans le monde… c’est sûr qu’il y a aussi des sacrifices à faire, mais je crois qu’ils en valent totalement la peine.

Peux-tu dire qu’à travers ton handicap tu as pu découvrir des forces inestimables en toi ?

J’ai dû passer par certaines épreuves que d’autres n’ont pas vécu, et oui ça m’a rendu plus forte, mais je mentirais si je disais que ma vie avait été particulièrement difficile. J’ai une famille et des amis qui sont toujours là pour m’aider et m’encourager et comme je suis plutôt extravertie je n’ai pas de mal à me faire de nouveaux amis. Si certains essayaient de rire de moi à cause de mon handicap, plutôt que de les laisser m’atteindre, je leur répondais d’une manière qui leur faisait réaliser à quel point ce qu’ils disaient était stupide.

Quel est ton programme pendant ces jeux (dates et horaires de passage en heure londonienne), afin que l’on puisse te suivre ?!

31 août à 9 :44, 400m libre catégorie S8
4 septembre à 9 :37, 100m dos catégorie S8
6 septembre à 11 :07, 100m libre catégorie S8

Un dernier message à faire passer aux Hotsteppers, communauté internationale, interculturelle, en quête de défis et d’humanité à travers le sport ?

Il ne faut jamais abandonner ses rêves, parfois ils se réalisent! Et si jamais ça ne marche pas, vous aurez quand même eu la chance de vivre des expériences inoubliables.

Merci pour tes mots et ton temps, nous nous ferons un plaisir de te suivre dans les semaines à venir. Reste bien concentrée et confiante, que la force du sport soit avec toi ! Tu as déjà gagné notre soutien et notre admiration !

Sur fond de musique des « Chariots de feu« …hymne des JO 2012… que les Jeux paralympiques nous fassent aimer toujours plus le sport et la vie !

http://open.spotify.com/track/4A7vpDEIcv2OHAwRSu1aUW

 
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