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Le Sport, quel univers…que d’occasions de rencontres avec soi même, avec d’autres, de découvertes de parts de soi encore inexplorées, d’occasion d’améliorer ses forces et de relever ses faiblesses, quel terrain de jeu grisant ! Qui plus est, nul besoin d’être à haut niveau pour vivre le sport intensément, c’est ça qui est si bon…J’ai réalisé ces derniers mois, forcée à de longues semaines de pratique sportive très réduite, que mon « manque » d’activité physique n’était pas si drastique. S’il est toujours tellement agréable de se sentir actif sur tous les fronts : dans sa vie professionnelle, personnelle et au-delà de tout cela de continuer à relever 1001 défis sportifs, je pense qu’il s’agit d’un schéma complexe à maintenir tout le temps, pour tout le monde. Il devient alors impératif de savoir faire des choix et idéalement, d’établir des priorités, qui bien sûr peuvent changer. C’est la vie. Mais…

Ceux que le sport anime…

Malgré tout, cette pratique plus réduite bien que pas anéantie, m’a aussi donné l’occasion et même la chance de regarder autour de moi et de me nourrir de « ceux que le sport anime », comme j’aime souvent les nommer. Ceux qui se lèvent plus tôt un matin, malgré la charge d’une famille parfois nombreuse pour aller courir quand tout le monde dort encore ; ceux qui après une longue journée de travail trouvent le courage d’enfiler des baskets ou de plonger dans les profondeurs d’une piscine plus ou moins bondée ; ceux qui malgré la maladie ou les douleurs ne baissent pas les bras et persévèrent dans l’effort ; ceux que le sport préserve du découragement pendant une période de chômage offrant la chance de se sentir « en chemin » et non « à l’arrêt complet »… Le sport est un sacré révélateur de talents, physiques bien sûr mais aussi humains.

Petit à petit, bien au-delà de ma passion pour le running, je me mets à me passionner pour les gens. Ceux, fidèles, qui s’engagent et s’accrochent pour atteindre leurs objectifs sportifs, quels qu’ils soient, ceux qui donnent du sens à leur vie et même à celle des autres à travers leur pratique.

Quoi de mieux pour illustrer cet élan que de vous offrir le portrait d’une athlète de 27 ans, discrète voire secrète, aussi douce dans la vie que passionnée sur le terrain, fervente défenseuse des valeurs collectives d’un sport que trop peu de gens connaissent et qui pourtant, demande une condition physique et une charge d’entraînement nécessitant des sacrifices ne pouvant laisser indifférent.

Au gré d’un quotidien professionnel puis sportif partagé, à force de longues heures de discussions et de visions du monde mutuellement confiées, Alison m’a démontré ce qu’une jeune femme active au 21ème siècle devait tenir comme engagements pour aspirer au meilleur : au travail comme en sport. Mais quel sport ! Découvrez à travers cette interview atypique, une athlète qui l’est tout autant. Découvrez ce qui anime une joueuse de hockey subaquatique en équipe de France

Crédits photo: hockeysublechesnay.free.fr

Hockey… subaquatique ? Alison, éclaire nous !

Le hockey subaquatique se joue à 6 contre 6, dans n’importe quelle piscine, en longueur comme en largeur, il n’y a pas de taille réglementaire. D’ailleurs le jeu se joue parfois en pente quand le fond s’y prête ! On s’adapte. Le matériel impondérable étant les palmes, le masque, le tuba, la crosse et un palet de 1,3kg. Le but du jeu est de marquer en mettant le palet dans la gouttière du camp adverse. Un match se déroule en 2 mi-temps de 15min chacune en championnat du monde. Chaque équipe a droit à un temps mort par mi-temps ce qui lui permet d’arrêter le jeu pour récupérer et/ou casser le rythme de l’adversaire.

 

Crédits Photo: plongéeloisirs. canalblog. com

Ok très bien. Le hockey on l’imagine bien sur la glace, sur le gazon à la rigueur mais sous l’eau ? Combien de temps y restes-tu… sous l’eau ?

C’est de l’apnée dynamique dont les temps n’ont pas vraiment le même sens qu’en apnée statique. L’effort est très intense, on fait des mouvements rapides et forts ce qui consomme beaucoup plus d’oxygène. A titre d’exemple, 10 secondes en action sous l’eau est déjà très long. On passe notre temps à remonter à la surface pour respirer ; l’idée étant que sur les 6, il y ait toujours 3-4 joueuses au fond de l’eau.

Apnée, vitesse, force, technique…quelles sont les capacités physiques requises pour faire du hockey subaquatique ?

Il ne faut pas forcément savoir bien nager. C’est sur qu’il ne faut pas avoir trop d’appréhension du monde aquatique mais tout s’apprend. Et encore, il y a des jeunes qui sont très stables dans l’eau, d’autres pas du tout. Les entraînements sont intensifs. On enchaîne d’interminables longueurs, des sessions d’apnée, des fractionnés dans l’eau puis de la technique.

En dehors de l’eau l’entraînement continue. On déroule des séances tactiques sur un tableau, on révise notre placement pour les coups francs, les départs… Et en complément, tout sport est bénéfique : la nage sans palme, la course à pied, le crossfit, le vélo, toute forme de PPG…

Ok, c’est intense, complet, terriblement atypique…alors, pourquoi ce sport Alison ?

Pour la compétition. J’aime me mesurer aux autres. J’aime le collectif mais j’aime malgré tout l’aspect individuel aussi. C’est intéressant, il s’agit d’un collectif intuitif : on ne peut pas se parler sous l’eau bien sûr, alors il faut se comprendre sans le verbal. Cela amène à développer son instinct. Clairement, je joue mon meilleur hockey quand je le suis, cet instinct.

Instinct ou intuition ?

Les deux.

Penses-tu que tu communiquerais moins bien si tu devais parler ? (NDLR : Alison est une sensible secrète et réservée qui s’exprime par tous les biais sauf ceux de la communication bruyante et imposante moderne )

Probablement. On se dit malgré tout beaucoup de choses mais hors de l’eau.

Quelles sont tes sensations sous l’eau ?

Puissance, liberté et vitesse

Et dans la vie ?

Rien de tout ça! C’est tout l’inverse.

Pourquoi pas ? Quelle est la différence ?

Au hockey je m’exprime physiquement. Je suis puissante des jambes, je suis rapide. Dans la vie les choses ne se mesurent pas si facilement…Sous l’eau je suis une palmeuse. Dans la vie…cette puissance je ne l’ai jamais mesurée ! Je ne sais pas où je me situe…

Parlons de ton investissement, quels genres de sacrifices demande le hockey ?

Tout dépend des objectifs.

Toi, quels sacrifices fais-tu ?

C’est une rigueur au quotidien, une hygiène de vie stricte. Je fais l’impasse sur des anniversaires, des repas de famille en période de championnats ou de tournois. Je m’entraîne aussi souvent que possible.

Je t’ai vu aller (et revenir !) plusieurs fois de « stages France » avec souvent un lapse de temps immuable pour t’en remettre physiquement et émotionnellement ; de quoi s’agit-il ?

Tu es dans l’eau à 8h du matin. Tu enchaînes 2 blocs de 2h de nage le matin et 2 blocs voire 3 l’après-midi et ainsi de suite sur 2 jours. Le tout entre-coupé de crossfit et de course à pied…

C’est dur…comment vis-tu ces moments ?

Le matin à 8h quand je me mets dans l’eau froide, je me demande ce que je fais là. Oui, c’est dur.

Mais après, quand je joue avec les filles de mon équipe et que je vis ma 1ère sélection, que je voyage en championnat du monde partout dans le monde, que je rencontre plein d’autres athlètes, je réalise que sur le plan sportif comme humain, c’est énorme et que tous ces sacrifices valent la peine. L’équipe de France féminine dont je fais partie a fini 9ème aux derniers championnats du monde.

Tu ne peux pas t’arrêter là-dessus. Tu vises un top 5, puis un podium puis la 1ère place et une fois que tu l’as, tu veux la garder !

Quand te vois-tu t’arrêter ?

Je me suis fixé mes 2nds championnats du monde en Afrique du sud en 2016, j’aurai 28 ans et après je verrai. J’aurai peut-être d’autres ambitions et d’autres priorités. Rien n’empêche d’arrêter et de reprendre. Pas mal de filles reprennent après des périodes de break induites par la vie. En Équipe de France il y a encore des nanas de 40 ans qui ont largement leur place.

Il faut de la maturité, il faut saisir toute la dimension du sport. Le temps, l’expérience donnent de la valeur à une joueuse et de la teneur à son jeu.

Quelle est la dimension de ce sport justement?

Au début, tu penses que tu as le palet qu’il faut pousser et tes palmes pour aller vite. Mais à cela se rajoute toute une approche tactique qui est sans fin. Tu te rends vite compte que ta coéquipière qui a 40 ans et que tu dépasses en tests physiques, te dépasse à son tour sous l’eau, par l’intelligence de son jeu. Elle voit le jeu, elle sait s’économiser, elle est plus efficiente. Savoir se placer au bon moment pour intervenir au bon moment est crucial.

Toute cette dimension que tu apprends à saisir doit forcément t’aider dans la vie ? Quel est l’impact de ce sport sur ton quotidien?

Ça m’apporte clairement un équilibre parce que toutes mes frustrations passent dans mes séances physiques mais ça apporte aussi une capacité de remise en question sur soi permanente.

Tu te considères comme une bonne joueuse ?

Une bonne joueuse de club oui. Mon club (NDLR: Le Chesnay) est régulièrement dans le top 4. Mais je ne sais pas ce que c’est qu’une bonne joueuse en fait ! Une bonne joueuse c’est une joueuse qui ne va pas s’écrouler physiquement en fin de « round robbin » (NDLR : le « round robbin » est la phase de rencontres de toutes les équipes de 1ere division avant le ¼ de finale, ½ et la finale.)

In fine ce qui prime c’est quand même le physique non ?

Oui, il fait la différence sur le round robbin mais pas sur les phases finales.

Il y a 2 philosophies dans le hockey mais pour moi il faut d’abord du physique et ensuite apprendre la technique parce que le physique est discriminant sur les 1eres phases.

En revanche, tu peux passer facilement des nanas grâce à tes palmes et ta rapidité pendant un moment mais après ça ne suffit plus.

Quelle est ta philosophie de jeu entre force du collectif et ambition personnelle ?

Ma philosophie se rapproche de celle du rugby. L’idée est de se battre un maximum pour libérer le palet et l’offrir à sa co-equipiere qui pourra alors butter.

Tu te retiens de marquer ?

Non mais on me dit souvent que je ne crois pas assez en mes capacités. Je fais le plus gros du travail et au lieu d’essayer de passer le dernier défenseur, je me retourne et je cherche du soutien.

Pourquoi cherches-tu du soutien dans ta lancée, si près du but ?

Parce que je pense que je peux pas y arriver toute seule.

Et pour rebondir sur l’article grotesque du journal l’Equipe qui s’est un jour amusé à répertorier les sports les plus stupides en y citant le hockey subaquatique, qu’est ce que cela te fait de tout donner dans un sport que peu de gens connaissent ou considèrent ?

Dans les moments de doute tu te dis que c’est crétin et que ça ne sert à rien, que tu n’as la reconnaissance de personne. Dans les moments où tu es bien tu te dis que tu fais ce sport pour toi, parce que tu l’aimes, parce que tu y crées des liens forts, pour l’expérience humaine unique.

L’aspect humain est vraiment énorme…(NDLR : ah oui ?!).

Crédits photo: hockeysublechesnay.free.fr

Sachez qu’à force d’échanges et de partages autour de nos deux sports respectifs, chacun pratiqué dans un élément bien distinct, j’ai fini par me remettre à nager malgré mes peurs et même à m’inscrire à des cours d’adultes « debs » à la rentrée, pour lentement mais sûrement renouer avec cet élément qui à la fois m’attire et m’effraie. Alison, quant à elle m’aura accompagnée sur mes dernières sorties longues en prépa du Marathon de Paris 2014 et du 30ème au 42,195ème km le jour J. Un moment inoubliable de communication totalement non verbale et intuitive qui nous aura amenées à nous inscrire ensemble au Marathon de la Rochelle prévu le 30 novembre. Si les conditions de forme du moment sont difficiles pour l’une comme pour l’autre, l’envie de se laisser à nouveau habiter par la dimension du sport, tant collective que personnelle est là et bien là. Il ne nous reste plus qu’à y croire. Merci Alison de m’avoir redonné le goût des profondeurs et d’avoir laisser émerger ces confidences à la surface de notre terre de runners :)

Les plus belles histoires sont celles qui durent…

Voici le leitmotiv du marathon des sables qui connaîtra cette année sa 28ème édition. Course crée en 1986 par Patrick Bauer, le marathon des sables porte un nom qui se révèle trompeur lorsque l’on découvre que la distance mythique d’une quarantaine de kilomètres n’est qu’une portion des près de 250km du parcours intégral. Ce parcours se déroule en 3 temps temps fort: une étape de liaison, une étape marathon et une étape « non stop ». En auto-suffisance totale, les concurrents individuels ou en équipe devront respecter des règles strictes et justifier par exemple d’au moins 2000kcal par jour mais de moins de 10kg d’affaires au total pour avoir le droit de participer à l’épreuve. Épreuve longue, difficile, éprouvante pour les corps et les esprits, les organisateurs parlent d’une « aventure sportive, humaine et parfois même spirituelle », c’est dire à quel point le marathon des sables se veut être un véritable voyage initiatique.

La vidéo ci-dessous (édition 2012) en témoigne fidèlement:

 

Au delà des 1001 détails inhérents à cette course, j’ai souhaité mettre en lumière une équipe en particulier, présentée il y a quelques temps sur ce blog déjà: le team Transavia Sportera Handi Cap. Ces hommes ont depuis le départ pour vocation d’emmener des jeunes handicapés dans le désert sud-marocain. L’objectif ? Un doux mélange de multiples motivations mais avant tout l’envie de faire vivre des moments inoubliables et de se battre pour ceux dont la vie quotidienne est souvent bien compliquée. Je suivrai cette équipe et vous relaierai toutes les infos de leur course, jour après jour, dès le 05 avril (lien vers l’événement Facebook ici). Puis, je les rejoindrai en live du 11 au 14 avril, pour palper et ressentir tout ce qu’Internet ne peut retranscrire. Consciente de la chance qui m’a été donnée de pouvoir vivre ces temps forts, je tiens à vous en faire part autant que possible et poursuis dès aujourd’hui avec l’interview d’une des 3 jeunes s’apprêtant à décoller pour le Maroc au côté de l’équipe Transavia Sportera Handi Cap.

Il s’agit d’Astrid dont il est avant tout question dans cet article.

Comment son destin a-t-il pu croiser celui de l’équipe ? Pourquoi a-t-elle dit oui ? Quelles sont ses espérances et ses appréhensions ? Qui y-a-t il dans le coeur et l’esprit d’Astrid pour que l’envie surpasse la peur ? Réponses dans les lignes suivantes…

En visite chez Astrid le temps d’un riche échange - de gauche à droite: Marie, Astrid

De la terre fraîche au sable chaud: Astrid se confie

Une rencontre improbable, imprévue, impeccable

Tout a commencé lorsqu’un jour, peu de temps après ma rencontre avec l’équipe Transavia Sportera Handi Cap et leur entraîneur de choc Thierry Guibault, je déjeunais en famille avec Alix, la maman d’Astrid. Astrid a 18 ans, est étudiante en fac de psycho et atteinte d’une forme de myopathie neuro-musculaire: un handicap majeur qui la contraint à vivre en chaise roulante à longueur de temps mais aussi à dépendre étroitement de ceux qui l’entourent pour effectuer ces gestes si anodins pour la plupart que sont le fait de prendre une douche ou de se coucher. Connaissant la relative difficulté de l’équipe Transavia Sportera Handi Cap à rencontrer des enfants ou jeunes handicapés prêts et aptes à partager l’aventure de marathon des sables avec eux, je fus prise d’un élan d’inspiration et demandais sans grands détours à Alix si sa fille pourrait être tentée par 6 jours d’ultra-raid dans le Sahara en compagnie de grands sportifs, sur une joellette. Une proposition un peu dingue qu’une maman qui plus est d’une jeune fille handicapée pourrait voir d’un oeil plus qu’anxieux mais qu’Alix reçu avec une étonnante ouverture. Immédiatement après Alix en parlait à sa fille qui ne mit pas beaucoup de temps à accepter.

« Ma mère me l’a annoncé assez normalement, sans trop de détails. J’ai dit oui sans hésitation mais sans trop savoir non plus dans quoi je m’engageais » - Astrid est une jeune fille réfléchie qui a le goût de l’aventure, cela se voit et cela se sent. Son abord révèle un mélange intéressant de fragilité apparente mais aussi de volonté puissante: le genre de carapace et de volonté que l’on ne développe pas à ce point sans avoir de grandes combats par ailleurs.

Intégration rapide d’Astrid au sein de l’équipe: des échanges riches de sens

Astrid me raconte le déroulement très rapide de la suite des étapes. Une rencontre de qualité avec Jérôme (chef de l’équipe) et son épouse Laure; une participation « par la pensée » au Raid28 auquel ont pris part l’équipe et les deux autres jeunes enfants handicapés: Gaëtan et Marie; la participation au coup d’envoi d’un match de foot à Amiens après un passage par la Base Aérienne 110 de Creil et la rencontre du Colonel Mille (plusieurs membres de l’équipe sont militaires dans l’armée de l’air) et finalement une après-midi à l’INSEP, en compagnie d’Assia el Hannouni, championne paralympique de 100, 200, 400 et 800m et marraine de coeur de l’équipe…

A l’INSEP - de gauche à droite: Assia, Gaëtan, Jérôme, Astrid, Nicolas, Marie, Raphaël, Frederic, Laure, Mickael

Assia et Marie

Que d’échanges, de rencontres, d’événements en à peine 3 mois. L’équipe Transavia Sportera Handi Cap se démène: pour s’entraîner physiquement, pour rassembler les fonds nécessaires à leur entreprise incroyable, pour passer du temps avec les jeunes et vivre autant de moments que possible avec eux avant leur départ. La cohésion, l’entente, le partage, la complicité et la générosité sont autant de valeurs que l’équipe cultive ardemment. Des valeurs essentielles dans la vie mais particulièrement vitales dans le cadre de défis physiques et humains où toutes les émotions sont décuplées.

Le marathon des sables d’Astrid: entre cadre solide et pur inconnu

Astrid m’explique qu’elle ressent quelques angoisses à l’idée d’être sur la joëllette. Non pas à cause de la chaleur, du sable, des longues journées, mais parce que « l’appareil » devra être parfaitement adapté à elle pour lui assurer un maintien optimal. Elle ne peut en effet pas maintenir son cou d’elle même et doit être bien calée pour ne pas vivre les mouvements incessants de la joellette avec difficulté. A l’heure où cet article est écrit, la joëllette aura été parfaitement ajustée pour Astrid, lui garantissant un voyage sans contraintes, un vrai…

Astrid est surprenante: elle m’explique que toutes les 2h, un jeune ira sur la joëllette pendant que les deux autres se reposeront dans un 4×4 offert à l’équipe en guise d’assistance toute particulière. Son discours mélange aussi bien de l’appréhension qu’une envie irrépressible de parcourir le monde. Elle n’a peur de rien pourvu qu’il y ait l’ivresse de l’aventure: « j’aimerais bien être sur la joëllette la nuit; pour voir… ». Elle rajoute en me détaillant son parcours étudiant: « j’adore l’aventure, j’aurais aimé partir 5 ans à Montréal pour mes études mais mes parents n’ont pas voulu, ils avaient trop peur pour moi. Pourtant à Montréal la drama-thérapie est très développée et c’est vraiment ce qui m’intéresse«  - La drama-thérapie est un ensemble de techniques théâtrales visant à favoriser le développement émotionnel et mental de ses pratiquants. Une discipline passionnante qui rejoint l’envie d’Astrid de se spécialiser dans les chocs post-traumatiques, notamment ceux des hommes et femmes revenant blessés psychiquement de conflits armés. Une ambition forte pour une fille si jeune qui semble bien déterminée à ne pas vivre une vie dénuée d’engagement et de sens.

Un doux regard posé sur l’équipe Transavia

Astrid peine à avouer ses craintes mais ne bride pas pour autant une certaine douceur à l’égard de cette équipe 100% masculine qu’est le team Transavia Sportera Handi Cap et avec qui elle a passé pas mal de temps, en peu de temps…

« J’ai du mal à imaginer comment ce sera, mais notre handicap les aidera surement à se dépasser encore plus » me dit Astrid. Elle rajoute: « ils sont investis à 300%; je n’ai jamais vu de gens comme ça, moi qui connaît très mal l’univers sportif. Le plus étonnant et de voir à quel point ce sont des hommes aussi bien forts que délicats, une délicatesse qu’ils n’étalent pas. Ils agissent et ne se font jamais mousser ». Ce sont de beaux mots, pleins de bienveillance qu’Astrid révèle à ce moment là. Elle n’oublie pas de me dire cependant: « je pense que leur image du handicap aura évolué à la fin de l’épreuve, car aussi bon puisse-t-on être, on ne peut qu’avoir certaines idées toutes faites tant que l’on n’a pas vraiment vécu aux côtés d’une personne handicapée ».

Je réalise alors que ce que me dit Astrid est plein de bon sens et particulièrement mûr pour son âge. Je me dis qu’elle m’en a déjà beaucoup dit et lui propose de me donner son mot de la fin..

« Qui vivra verra » me dit-elle avec un large sourire…

Merci Astrid, j’ai hâte de te retrouver « là bas »: j’arriverai fraîchement de Paris quand toi tu auras vécu la quasi intégralité de l’aventure, tu auras sans doutes beaucoup de choses à me transmettre à ce moment là. Que le goût de la vie reste avec toi !

Avant de rentrer dans le vif de l’interview…

Aujourd’hui, l’esprit du blog Hotsteppers s’exprime dans toute sa splendeur. En effet, ce site a beau être « la zone lounge des fans de running », le sport en général est une fois de plus mis à l’honneur.

Tout d’abord parceque l’esprit Hotsteppers c’est l’esprit « anti-cloisons » : on aime le running, on le pratique, on participe à des évènements et on pioche des conseils pour progresser et se faire du bien mais on sait aussi tirer le meilleur d’autres sports pour avancer et découvrir des horizons et des sensations encore plus vastes.

Aussi parceque la notion de performance est centrale dans ce blog. Centrale car relative. Qu’est-ce que la performance ? Se battre contre l’autre ? Se battre contre soi ? Dépasser ses limites ? Dépasser ses croyances ? Un peu de tout ça ?

Vous conviendrez que ce terme n’a pas de signification unique. Je vous renvoie à l’article : « Confiance et acuité psychologique : les armes du sprinteur » où le nageur américain Gary Hall à qui l’on avait peu de temps avant diagnostiqué un diabète, décrit sa joie, à la 2ème place du podium, malgré le commentaire provocateur et insensé du n°1 : « T’as encore perdu » - tentant de marquer par là une forme d’échec.

Perdu ? Echec ? Gary Hall avait tout gagné ce jour là.

Dans cette optique et en parfaite cohérence avec les valeurs Hotsteppers: envie, efforts, plaisir, équilibre, respect, découvrons aujourd’hui Sarah Mailhot, athlète paralympique canadienne de 22 ans, étudiante en traduction à l’Université Laval de Québec, qualifiée pour les Jeux 2012 à Londres et prête à défendre haut et fort les valeurs du sport.

Face à face, tête à tête, cœur à cœur avec Sarah

Bonjour Sarah, merci beaucoup de partager ton expérience et ta vision du sport avec l’ensemble des Hotsteppers ! Nous sommes heureux de vivre cet échange. Peux-tu nous dire en quelques mots, « qui est Sarah Mailhot » ?!

Je suis une fille spontanée et vraiment passionnée, j’adore ce que je fais et je ne changerai ma vie pour rien au monde!

Parle-nous de ton handicap, de son origine, de ce qu’il implique comme aménagements dans ta vie et comme contraintes dans ta pratique de la natation.

Je suis atteinte du spina-bifida, une malformation de la moelle épinière qui se développe au cours des premiers mois de la grossesse. Il y a plusieurs types de spina-bifida, et chacun possède plusieurs degrés d’atteinte. Dans mon cas, il s’agit du spina-bifida myélo-méningocèle, qui est le pire des types. Cependant, comme la lésion est au bas de ma colonne vertébrale, je suis tout de même capable de marcher et de fonctionner à peu près normalement. Mes jambes sont partiellement paralysées au niveau des mollets et des pieds, ce qui entraîne une certaine difficulté à la marche, mais je peux tout de même me déplacer sans fauteuil roulant ou béquilles. Lorsque je nage, je n’utilise pas mes jambes, je n’utilise que mes bras et mon tronc.

Depuis quand nages-tu et quel est ton rythme d’entraînement ?

Ça fait maintenant 10 ans que je nage. Dans les périodes d’entraînement les plus intenses, je nage 9 fois par semaine et je vais 3 fois en conditionnement physique. Lorsque l’horaire est un peu plus léger, je nage tout de même au moins 6 fois tout en continuant le conditionnement physique 1 ou 2 fois par semaine.

Pourquoi la natation d’ailleurs ?

J’ai toujours adoré l’eau. Que je sois assise au bord d’un lac, à bord d’un bateau ou dans une piscine, je me sens dans mon élément. C’est aussi le premier sport adapté que j’ai essayé, et c’est là que j’ai eu la piqûre pour le sport. J’ai aussi fait de la course en fauteuil roulant pendant 5 ans et du ski de fond para-nordique pendant 3 ans, mais j’ai tout arrêté en 2009 lorsque j’ai eu la chance d’être choisie dans l’équipe nationale de natation. Il est possible que je recommence à m’entraîner dans ces sports lorsque ma carrière de nageuse sera terminée, mais pour l’instant je me concentre sur la natation.

A quelles compétitions majeures as-tu déjà participé et quel a été ton cheminement jusqu’à la qualification pour les Jeux paralympiques 2012 à Londres ?

J’ai commencé à participer à des compétitions internationales en 2009, je faisais partie de l’équipe canadienne aux championnats du monde IPC (NDLR: « International Paralympic Committee ») en petit bassin à Rio de Janeiro. J’ai aussi participé aux championnats du monde IPC en grand bassin à Eindhoven en 2010 et aux championnats para pan-pacifique à Edmonton en 2011.

Qu’attends-tu de toi-même pendant ces Jeux ?

J’espère réussir à battre mes temps dans toutes mes épreuves, et idéalement j’aimerais réussir à entrer dans la finale du 400m libre. Par contre je ne veux pas me mettre trop de pression, je serai satisfaite si je réussis à baisser mon temps sans entrer en finale. Je veux surtout prendre de l’expérience et m’amuser.

Quelle est ta vision du sport : qu’est-ce que le sport apporte dans une vie, selon toi ?

Pour moi le sport est une priorité. Je n’ai pas hésité à étaler mes études pour accommoder mon horaire d’entraînement et si je dois manquer des cours pour participer à une compétition, je prends des arrangements pour être sûre de pouvoir y aller. Le sport m’a permis de vivre les moments les plus beaux et les plus intenses de ma vie tout en me permettant d’être en forme et de découvrir une partie de moi que je ne connaissais pas. Depuis que je nage, je suis beaucoup moins timide, je vis des expériences extraordinaires, je voyage partout dans le monde… c’est sûr qu’il y a aussi des sacrifices à faire, mais je crois qu’ils en valent totalement la peine.

Peux-tu dire qu’à travers ton handicap tu as pu découvrir des forces inestimables en toi ?

J’ai dû passer par certaines épreuves que d’autres n’ont pas vécu, et oui ça m’a rendu plus forte, mais je mentirais si je disais que ma vie avait été particulièrement difficile. J’ai une famille et des amis qui sont toujours là pour m’aider et m’encourager et comme je suis plutôt extravertie je n’ai pas de mal à me faire de nouveaux amis. Si certains essayaient de rire de moi à cause de mon handicap, plutôt que de les laisser m’atteindre, je leur répondais d’une manière qui leur faisait réaliser à quel point ce qu’ils disaient était stupide.

Quel est ton programme pendant ces jeux (dates et horaires de passage en heure londonienne), afin que l’on puisse te suivre ?!

31 août à 9 :44, 400m libre catégorie S8
4 septembre à 9 :37, 100m dos catégorie S8
6 septembre à 11 :07, 100m libre catégorie S8

Un dernier message à faire passer aux Hotsteppers, communauté internationale, interculturelle, en quête de défis et d’humanité à travers le sport ?

Il ne faut jamais abandonner ses rêves, parfois ils se réalisent! Et si jamais ça ne marche pas, vous aurez quand même eu la chance de vivre des expériences inoubliables.

Merci pour tes mots et ton temps, nous nous ferons un plaisir de te suivre dans les semaines à venir. Reste bien concentrée et confiante, que la force du sport soit avec toi ! Tu as déjà gagné notre soutien et notre admiration !

Sur fond de musique des « Chariots de feu« …hymne des JO 2012… que les Jeux paralympiques nous fassent aimer toujours plus le sport et la vie !

http://open.spotify.com/track/4A7vpDEIcv2OHAwRSu1aUW

 
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